France | Haute-Savoie

Mont de Grange

Cela fait des années que je veux monter au Mont de Grange en hiver. J’ai eu l’occasion d’y venir en été seulement (voir ces randonnées : depuis Très-les-Pierres et depuis Les Poses). Il faut attendre aussi attendre une fenêtre météo favorable. En hiver le Mont de Grange est un sommet demandant de bonnes conditions.

Chapelle d’Abondance

Je file à Chapelle d’Abondance pour prendre les installations mécaniques. Pourquoi se priver d’une aide ? Le plus long fut d’expliquer à la caissière que je ne veux qu’une montée simple. In fine le  forfait randonneur (9.30 €) est trouvé. Un télésiège, un piste glacée puis un téléski. Ah ce téléski, une assiette, tire-fesse. Tire fesses, le mot n’est pas usurpé. L’acier de la perche a eu une enfance contrariée : il souhaitait finir dans un avion, mais son rêve fut brisé. Du coup il vous fait décoller. Le bougre !

Télésiège de la Combe

J’arrive en haut de ce téléski de la Combe. Les choses sérieuses peuvent commencer. On remonte tranquillement la route d’été pour arriver à une bifurcation (panneau d’été) vers 1600m. On traverse la forêt du Bois de Pertuis. C’est joli. On en sort sous l’arête de Belair. Il faut couper une pente déversante. En face se dresse un pylône électrique.

Belair

Une dernière pente agréable permet de rejoindre Belair au Pt783. La vue se dégage. Je marque une pause, profitant de la douceur de la journée.

Arête de Belair

Il faut suivre désormais l’arête de Belair. On passe parmi une forêt clairsemée, Montagne de Pertuis. A partir de là, je n’ai plus de trace et monte à l’instinct. Dans ce passage bien des traces d’animaux (voir comment les reconnaitre). Je soupçonne un tetra Lyre, lorsque plus loin ses crottes me le confime. Trop content. Certes je ne l’ai pas vu, mais voir son passage me fait plaisir.

Les Lanches des Praults

Je me fais rattraper par un groupe de trois hommes. Ils sont plus rapides que moi et filent devant avec une aisance qui m’impressionne. Je mets les couteaux, eux non. Le cheminement devient très joli parmi les blocs rocheux des Lanches des Praults. Deux chamois nous observent depuis le plus haut. Charmant.  Un passage où la pente raide nous fait déchausser et de même pour arriver au sommet des Lanches des Praults. Le final demande de l’attention car raide et étroit, juste avant la croix en bois blanche.

Crampons

Une légère descente permet de rejoindre le bas de la pente finale O du Mont de Grange. Devant le groupe des trois montent en skis dans la pente O. L’un d’eux glisse de 5m, mais repart. Je n’ai pas ce courage. Les skis montent sur le sac et je passe aux crampons d’hiver et piolet. La neige est pourrie et j’enfonce jusqu’à mi genoux. Le souffle se fait court, les muscles se tendent. La pente fait environ 40° et j’apprécie mon matériel. Un bref regard derrière, me fait comprendre que la glissade ne ferait pas du bien. Cela encourage à bien prendre ses appuis. Je dois juste faire comprendre au piolet de se synchroniser avec les pieds, le bougre il n’en fait qu’à sa tête.

Mont de Grange

Mon regard se porte sur mon objectif : le haut de la pente et chaque pas de gagné me rapproche. A ce stade on avance au moral. Il me faut 1h15 pour y arriver. La pente s’adoucit tout à la fin et j’arrive au sommet du Mont de Grange : une vielle croix en fer rouillé, une station météo et une table d’orientation en partie recouverte par la neige. Je me mets en contrebas et prends une longue pause, les muscles en ont besoin. Il fait beau, le panorama est superbe et ratisse large. Le Mont Blanc est en partie voilé. Trois personnes me rejoignent depuis la crête de Coicon. Je suis surpris du peu de monde.

Couloir du Petit Pertuis, 40°

Puis il faut bien redescendre. Le haut du couloir du Petit Pertuis est délicat, peu de neige et bien des rochers qui guettent mes spatules. Je ne me laisse pas avoir, mais le verbe skier perd de son sens ici. Ensuite le couloir s’élargit et sur le flanc gauche, une jolie pente en neige décaillée fait mon bonheur. Le couloir se rétrécit et bascule dans la pénombre. La neige devient dure. On rejoint le bas du couloir du Pertuis (le grand frère) et c’est un amas de boules de neige dures. Casse-patte.

Combe de Pertuis

On finit par arriver dans la Combe de Pertuis. Jolie section de ski, en neige de printemps. Je rejoins le hameau des chalets de Pertuis, fort joli. Il me reste ensuite à descendre par la route d’alpage pour retrouver le domaine skiable de La Chapelle d’Abondance. Je trouve bien des enfants avec leur moniteur ou parent. Touchant. La neige est de printemps et je déguste la piste en douceur tel une crème glacée en été. Quelle journée !