Le renard

Lorsque on ramasse des plantes sauvages, on entend très vite parler de l’échinococcose du renard qui, dit-on, vient pisser sur nos plantes convoitées. Le bougre ! Il y a une partie de légende urbaine, une partie de vérité.

Echinococcose humaine

L’échinococcose humaine est une maladie parasitaire provoquée par des ténias (vers solitaires) du genre Echinococcus. Elle est transmise par le renard, chiens ou chats, via les excréments (et non pas via l’urine) en ingérant des baies prises au raz du sol.

Ténia

Les ténias adultes vivent dans l’intestin grêle du renard, plus rarement dans celui du chien ou du chat. Ces animaux rejettent dans leurs excréments des œufs capables de survivre des mois (3-5 mois) dans un environnement humide. Les êtres humains sont contaminés suite à un contact direct avec des animaux infectés ou en consommant des aliments crus ou de l’eau potable contaminés par des œufs de ténia du renard.

Larve du ténia

Le stade adulte de cette larve se retrouve chez le renard ou le chien alors que le stade larvaire est présent chez les moutons et rongeurs. On ne voit pas les larves à l’œil nu. Seulement au microscope. Le parasite dans l’intestin du renard mesure 3mm. Les œufs mesurent 30 à 40 µm.

Maladie

Cette maladie passe inaperçue très longtemps et quand on commence à sentir les symptômes, elle est déjà bien installée. Ses deux formes principales sont l’échinococcose cystique (hydatidose) et l’échinococcose alvéolaire.

L’échinococcose se développe lentement. Les larves vont migrer du tube digestif vers le foie. D’autres organes peuvent être touchés, mais rarement : poumons, plus rarement rate, reins, cerveau. Le foie est le premier organe touché.
Il y a deux espèces d’échinocoques qui provoque l’échinococcose : echinococcus granulosus qui provoque l’échinococcose cystique et echinococcus multilocularis qui provoque l’échinococcose alvéolaire.

Traitement

Les deux maladies sont différentes et peuvent se soigner : enlever le cyste dans l’échinococcose cystique ou enlever les lésions qui sont un peu protubérante dans l’échinococcose alvéolaire. Le traitement des formes cystiques et alvéolaire, souvent coûteux et complexe, nécessite parfois une intervention chirurgicale lourde et/ou une chimiothérapie prolongée.

Symptômes

Premiers symptômes de l’échinococcose cystique : une sorte de masse va se développer sur une dizaine d’années. Au niveau du foie il y a une obstruction des voies biliaires. On peut faire une jaunisse.
Le cyste est visible et il est possible de faire une analyse du sang pour une recherche d’anticorps dans le sang (sérologie).

Pour la maladie alvéolaire, cela peut ressemble à une tumeur, il y a de multiples petits cystes. Le diagnostique se fait aussi via une analyse du sang.

Répartition géographique

L’échinococcose cystique est présente dans le monde entier. Lorsque on donne des viscères de moutons au chien, il y a une haute prévalence, énormément de chiens sont infectés : surtout au Moyen-Orient, en Afrique du nord et en Amérique du sud. Il y a peu de problème en Europe.

En Europe, l’échinococcose alvéolaire domine via la cueillette des dents de lion, les petits fruits. Elle est transmise par les renards qui s’infectent en mangeant des rongeurs infestés. Il y a entre 10 et 20 cas par an en Suisse, 15 en France. En Suisse, c’est surtout dans le Jura et le plateau Suisse. En Suisse, il y a une haute prévalence, 30 à 70%, chez les renards du Plateau et du Jura et une faible prévalence (1 à 20%) chez les renards des régions alpines. En France, la prévalence est surtout à l’Est et dans le massif Central.

Prévention

Pour prévenir la maladie, il est recommandé de laver soigneusement ou, mieux encore, de faire cuire avant de les manger, les plantes comestibles de la forêt poussant près du sol (baies, champignons etc.) ainsi que les légumes, les salades et les baies provenant de cultures de plein air et les fruits tombés au sol. Attention: la congélation à -20°C ne tue pas les œufs de ténia du renard. Seule la congélation à -80°c tue les œufs !

La prévention et la lutte contre l’échinococcose alvéolaire sont plus complexes, car des espèces animales sauvages interviennent dans le cycle en tant qu’hôtes définitifs et intermédiaires. La vermifugation régulière des carnivores domestiques qui entrent en contact avec des rongeurs sauvages devrait aider à réduire le risque d’infection chez l’homme. Il faudrait en outre vermifuger chaque mois les chiens et les chats qui exercent une activité prédatrice.

Le déparasitage des hôtes définitifs sauvages ou errants au moyen d’appâts contenant des anthelminthiques a permis d’obtenir des baisses significatives de la prévalence de l’échinococcose alvéolaire, selon des études européennes et japonaises. L’abattage des renards et des chiens errants semble très inefficace. La durabilité et l’efficacité de telles campagnes par rapport à leur coût sont controversées.

Facteurs de risques

Les facteurs de risque  de l’échinococcose alvéolaire pour l’homme sont (en ordre décroissant) :

  • être propriétaire de chiens qui consomment des petits mammifères
  • vivre dans une exploitation agricole
  • être propriétaire de chiens qui rodent sans surveillance
  • collecter du bois
  • être agriculteur
  • mâcher de l’herbe
  • vivre dans une habitation proche des champs
  • aller en forêt pour des raisons professionnelles
  • faire pousser des légumes (racines et feuilles)
  • être propriétaire de chats qui rôdent sans surveillance
  • consommer des baies non lavées

Donc avoir un chien qui croquent les souris des champs est bien plus dangereux (9x) que la cueillette des plantes sauvages.