Constat

Lors de mes randonnées d’été, il m’arrive parfois de passer à travers un domaine skiable, soit pour profiter d’un moyen de transport, soit parce que c’est sur mon itinéraire. La vue des pylônes ne m’inspire pas beaucoup et les sols à nu ou à la végétation identique (la diversité de la flore est faible) peu inspirants.

Développement du tourisme

Historiquement, le tourisme en montagne s’est développé à partir de la fin du 19e siècle autour d’activités estivales : la randonnée, le thermalisme et l’alpinisme. Les stations de ski ont été créées par les hôteliers pour attirer les touristes pendant l’hiver et développer une deuxième saison d’activité. À partir des années 1960, le tourisme de masse se développe et c’est souvent l’hiver que l’activité est la plus intense.

Aménagement des pistes

L’évolution des techniques de préparation des pistes (damage et entretien) mais aussi la volonté d’étendre leur domaine skiable ont conduit les stations à réaliser des travaux colossaux de terrassement, qui ont eu pour conséquence de modifier fortement l’aspect des pentes (saignée dans la forêt, modification du profil de la pente, aplanissement et lissage de la surface). La revégétalisation permet de regagner des surfaces utiles et permet également de retrouver un paysage traditionnel verdoyant, attractif pour le tourisme.

Et les vaches ?

Les grands aménagements de montagne comme les stations de sports d’hiver affectent considérablement le fonctionnement des alpages. Le réseau des pistes de ski, qui couvrent plusieurs centaines de kilomètres, et ses infrastructures modifient le paysage, le fonctionnement écologique des alpages et leur mode de gestion agropastorale. La végétation des alpages est détruite ou profondément perturbée lors de la construction des pistes de ski. De plus, les horizons superficiels du sol sont décapés et les processus d’érosion se développent rapidement en raison des fortes pentes.

En outre, plusieurs études ont démontré l’intérêt d’un sol herbeux pâturé pour la pratique du ski. D’une manière générale, la présence d’une couverture végétale permet de lutter contre l’érosion des sols. Dans le cas des pistes de ski, elle permet également de fixer la neige. Cet argument a été entendu par les exploitants de stations de ski et le travail de modelage des pistes l’été est aussi important que celui d’entretien du manteau neigeux. L’occupation saisonnière de la montagne, loin d’être opposée, se trouve renforcée dans sa complémentarité.

Prise de conscience

En montagne, ce qu’on appelle la végétalisation, résulte d’une prise de conscience qui remonte au milieu des années 1980. Dans une grande station, le domaine skiable est retravaillé chaque été. Quinze pour cent des investissements vont au terrassement et à l’engazonnement. En montagne l’herbe semée ne prend racine qu’après deux ou trois ans.

Il faut impérativement que le pâturage artificiel soit pâturé toutes les années sinon au bout de quelques années il n’y aura plus d’herbage.

Revégétalisation

Le but des opérations de revégétalisation est de reconstituer un couvert herbacé sur ces terrains dégradés. Les opérations doivent comporter plusieurs étapes successives afin de garantir le succès de la restauration :

  • terrassements pour la lutte contre le ruissellement de surface
  • travail du sol
  • semis
  • entretien des parcelles restaurées

Les semences utilisées pour la restauration sont composées d’espèces et de variétés non locales plus ou moins bien adaptées aux conditions de la montagne. Dans tous les cas, la grande majorité de ces espèces présente une bonne valeur fourragère. On retrouve parmi les mélanges actuels différentes variétés de fétuque rouge (Festuca rubra L.), de fléole des près (Phleum pratense L.), de dactyle (Dactylis glomerata L), de ray-grass anglais (Lolium perenne L.), de trèfle blanc et de trèfle violet (Trifolium repens L., T. pratense L.), de lotier (Lotus corniculatus L.) et de sainfoin (Onobrychis viciifolia Scop.). Ces espèces constituent le mélange de base d’une prairie artificielle et temporaire qui, tout en assurant ses fonctions, doit peu à peu céder la place à la végétation spontanée.

Les dynamiques de reconstitution de la végétation sont lentes ; le taux de couverture végétale ainsi que les niveaux de diversité sont souvent faibles, même après de nombreuses années. Il faut par exemple une trentaine d’année après le semis pour retrouver une prairie comportant 50-60% des espèces présentes dans les prairies pâturées adjacentes.

Piétinement

Le piétinement par les troupeaux modifie la structure et le fonctionnement du sol. Tout d’abord, la pression exercée par les sabots lors du déplacement des troupeaux laisse des micro-dépressions sur le sol qui modifient ainsi sa morphologie. L’ampleur de ces modifications dépend naturellement de la charge animale sur les parcelles, mais les effets sont très variables autant pour les herbivores domestiques que pour les herbivores sauvages.

Le pâturage favorise la formation de banques de graines dans les prairies en voie de restauration.

Quelle que soit la situation, la charge animale doit être respectée en fonction du potentiel théorique fourrager afin de ne pas déséquilibrer ces relations de coexistence ni augmenter les phénomènes d’érosion.

Sources : F. Isselin-Nondedeu, ina.fr