France | Doubs

Et les fraises ?

Alors on se fait une Via Ferrata ? C’est ainsi que l’idée du weekend fut lancée par Evelyne. Manquait plus que l’envie de fraises pour parfaire le tableau … ah zut les fraises d’Espagne sans gout sont déjà dans les magasins ! Je me grille quelques neurones pour dénicher une Via Ferrata, mais la neige revient dans les hauteurs. En mai fait ce qu’il te plait, tout fout le camp !

Les Echelles de la Mort

Lors de ma visite en juin 2014, nous étions passés très proche des Echelles de la Mort. L’idée de cette Via Ferrata des Echelles de la Mort est donc restée ancrée dans ma mémoire. Aujourd’hui est le grand jour, il va falloir faire preuve de bravoure. Le topo mentionne une tyrolienne avec échappatoire, comme nous n’avons le matériel, il faudra s’en passer

Légende

Deux Juifs, Jonathan et Jochonias, vinrent autrefois se réfugier près de Maîche. Après avoir fait main basse sur les vases sacrés de la cathédrale de Bâle, tandis que la belle-mère de l’un d’eux avait été arrêtée sur ordre de l’évêque du lieu. Torturée, et ensuite relâchée pour insuffisance de preuves de sa culpabilité dans le larcin, la pauvre femme – on ignore comment – sut que son gendre se trouvait aux environs de Maîche. Elle vint l’y rejoindre. Le Juif, dont on n’est cependant pas sûr qu’il n’eût déjà abandonné sa belle-mère dans les rues de Bâle, lui donna rendez-vous, la nuit, au pied des échelles escaladant les falaises. Et l’ascension commença. Mais la vieille dame, alors qu’elle avait gravi une partie du parcours, sentit ses forces la quitter. Elle lâcha prise, plongea dans l’abîme et se fracassa les os et le crâne contre le roc. Depuis cette époque, le dangereux passage porterait ce nom : Les Echelles de la Mort.(source)

Contrebande

Aux alentours des années 1900 en bordure de la frontière Franco-Suisse se déroula une contrebande originale portant sur les veaux. A cette époque le change était à l’avantage de la monnaie française puisque zéro franc soixante quinze centimes donnait un franc suisse et dix centimes. Il était profitable d’acheter outre-Jura des animaux, porcs, moutons, et veaux, pour les revendre en France. Comme la crise sévissait dans l’artisanat horloger, beaucoup de frontaliers des deux pays se lancèrent dans ce trafic pour améliorer un peu leurs revenus. Cette bricotte vivante n’était pas aussi facile à transporter que le tabac, les allumettes ou les étoffes. Seuls les solides gaillards pouvaient se lancer dans l’aventure, car les points de passage accessibles étaient étroitement surveillés par les gabelous (douaniers). Il fallait emprunter des itinéraires périlleux, jugés impraticables pour ce genre d’exercice. Les jeunes de la région se rendaient donc dans les hameaux des Franches Montagnes en Suisse. Ils y achetaient les animaux qu’ils amenaient le plus près possible de la frontière. La nuit suivante, après avoir franchi le Doubs en barque ou à gué, selon la saison, les épaules lestées d’un veau ou d’un mouton auquel ils avaient lié les pattes et le museau, ils attaquaient côté français l’escalade des hautes falaises plongeant à pic dans la rivière. Cette ascension nocturne s’effectuait en un lieu qui porte depuis cette époque un nom sinistre : “Les échelles de la mort”. Ces fameuses échelles étaient composées de longues perches de bois dressées contre la muraille verticale, et de rondins fichés dans les anfractuosités du rocher. Cette installation rudimentaire permettait de remonter du fond des gorges jusqu’au plateau. Encordés à deux ou trois comme des alpinistes, les passeurs gravissaient lentement les 88 échelons plantés dans la paroi. L’hiver, lorsque la nuit était noire et venteuse, et que le bruit du torrent grondait au fond du gouffre, cette expédition paraissait si périlleuse qu’aucun douanier ne l’eut jamais considérée comme réalisable. Dans ce décor sinistre, les contrebandiers opéraient donc sans crainte d’une mauvaise rencontre. Une nuit hélas ! l’un des barreaux de l’échelle de fortune se rompit et deux hommes furent entraînés vers l’abîme. Quelques jours après , on retrouva au pied des falaises leurs corps mutilés, ils avaient encore chacun un veau ficelé sur les épaules. Extraits du livre d’André Besson, “Contrebandiers et Gabelous”.

Usine électrique du Refrain

Après avoir passé la frontière, nous filons par la petite route étroite pour l’usine EDF du Refrain. Un grand parking nous accueille. Evitez de vous garer contre la falaise, une photo montre qu’un pare-brise n’a pas aimé la chute d’un bloc de calcaire. Feuille, caillou, ciseaux, puit, pare-brise : c’est le caillou qui gagne !

Via Ferrata des Echelles de la Mort

Nous partons, il y a déjà du monde. Un groupe nous conseille de passer devant. Un premier pont népalais met dans l’ambiance. Nous avançons sans se presser et prenons tant bien que mal nos photos. Un trio nous rattrape, les deux premiers en mode Speedy Gonzales et les 3e qui essaye de suivre les rythme. Le pauvre ! Tiens encore un pont népalais, mais bien plus long. Ola le sol devient instable. Je me rends compte que j’aime décidément de plus en plus le plancher des vaches. Il sont fous ces népalais !

Pont de singe

Les difficultés s’enchaine, on touche peu le rocher. Puis nous arrivons devant un pont de singe bien long. Boudu con ! J’aime encore plus le plancher des vaches. Et je ne suis pas un singe. Ca secoue dans la traversée et le bonheur est grand d’arriver de l’autre côté. Plus loin, nous laissons passer des alsaciens de Mulhouse (Bernard et Simone) et profitons de babiller un peu. Bel échange comme on les aime en montagne. Un court passage humide qui demande une attention soutenue, un autre pont de singe bien plus facile car court, des échelles et beaucoup de ferraille, nous permet d’arriver à l’échappatoire de la tyrolienne. Là, Bernard, nous propose de nous prêter sa poulie pour emprunter la tyrolienne. Ce fut accepté dans les secondes suivantes

Tyrolienne

Ah la tyrolienne. Là il n’y a plus de plancher des vaches, mais qu’est-ce qu’on s’amuse. Un grand bonheur … certes court. Un filet en corde permet de retrouver le chemin du retour. Nous descendons par les Echelles de la Mort sans soucis avec Bernard, Simone et Fernande qui s’est contenté de la marche.

A table

Ainsi nous finissons au parking où des grands tables nous attendent pour la pause casse-croute. Nous passons un beau moment de convivialité, en se disant que ces moments en montagne sont fabuleux. Pas belle la vie ?