France | Haute-savoie

Je profite de l’unique jour de congé sur mes deux premières semaines de formation comme Accompagnateur en montagne pour troquer mon habituel sabbat contre le jour du Seigneur. Je joue au loup solitaire pour une escapade en ce dimanche fort bien ensoleillé. J’avais une autre idée en tête, mais in fine j’opte pour une course que je me devais de refaire, le Trou de la Mouche dans les Aravis. Comme j’aime à le dire, je suis en train de guérir une blessure psychologique. En 2008, une tentative avait avorté au passage de ce trou. Ca vous laisse des blessures, c’est fou ! Courageux j’avais tenu jusqu’à présent, mais il me fallait réparer cela !
Ainsi, n’écoutant que mon courage, j’ai affronté le premier train pour Genève (toujours un poème ces premiers trains, la faune présente pourrait être un sujet de thèse pour ethnologue) puis je quitte la Suisse, à bord d’une demi voiture rouge aux plaques Zurichoises, lancée à pleine allure (ça n’est pas trop dure, ça !) sur les routes françaises. J’avais fière allure !
J’arrive au parking des Confins après La Clusaz, dans les premiers. Une arrivée tardive vous ferait visiter le parking dans toute sa longueur. A chacun ses plaisirs. Au matin le secteur est à l’ombre, on quitte doucement le parking par la piste de ski de fond. On file vers le chalet La Lanchette, puis une traversée d’une coulée avant le chalet de Paccaly. De là on rentre dans la combe de Paccaly par un dernier passage dans une petit forêt. Je me fais doubler par des coulant-pipettes, ils dont dû avoir un retard à l’allumage, à leur place je serai parti plus tôt. Je suis les traces et dans ma jeunesse, je suis presque allé dans la combe de Tardevant. Je suis donc revenu dans la combe de Paccaly, normalement on coupe plus tôt, mais in fine le détour (qui est en fait le chemin d’été) est plus doux. Je ne me suis nullement pressé, étant dans un grand moment de béatitude. Cette combe est une série de plateau qui faut remonter. On finit par rejoindre le soleil vers le milieu.
Je finis par arriver en haut au niveau de la falaise. On bifurque à droite, par un devers tranquille vers le début des hostilités. Je vois une trace de montée en ski rejoignant le Trou de la Mouche, mais connaissant les lieux, j’avais pris mes crampons en aluminium et piolet. C’est donc un grand jour. Je les entendais piaffer d’impatience dans le sac et ne voulant pas les décevoir, j’ai pris l’option dépose des skis vers 2300m. A peine les avais-je sorti du sac, que j’ai dû freiner leur ardeur juvénile. En ordre serré, nous devons monter, non mais ! Le piolet fut fortement apprécié, même si la neige était déjà réchauffée (pente S). La pente est raide et cela dure 100m environ.
Puis un replat et on arrive dans le porche du Trou de la Mouche (2453m). Doit être grosse la mouche car le trou est bien gros. Je marque une bonne pause, le monde défile. La solitude doit exister … mais ailleurs ! Puis je poursuis ma route, descendant la pente raide sous les rochers de la Combe du Grand Crêt. On apprend à sauter pour faire ses conversions car la neige est dure.
Trouvant qu’il est trop tôt pour rentrer, je vois un sommet en face (Tête Pelouse) avec bien du monde. Le danger d’avalanche est censé monté de 2 à 4 en milieu d’après midi, mais vu que c’est presque une piste, je considère que c’est jouable. Je remets les peaux et avec mon joli rythme débonnaire monte sous la Tête Pelouse. Je me suis arrêté sur l’arête, me dispensant de monter au sommet de Tête Pelouse (courte montée à pied). Je profite de la belle journée, babille avec mes camarades d’un temps puis descend dans la Combe de Grand Crêt dans une neige bien transformée et lourde. Cela ne tient pas sous la semelle, donc on fait comme on peut. Il y a un joli passage dans une sorte de couloir, puis on retrouve le chemin du départ avant de revenir au parking. C’est donc une course assez rapide, mais que ce Trou de la Mouche est beau !