France | Haute-savoie

Une belle journée de fin d’été et je décide enfin d’aller rendre visite à la Pointe Percée. Cela fait plusieurs mois que ce sommet me nargue et je peux enfin dire : je l’ai fait. Une page se tourne.
La météo suisse annonce des voiles d’altitudes pour l’après-midi, ainsi je pars tôt et j’arrive au parking du Col des Annes vers 9h : il est déjà bondé (le parking est immense). Je crains déjà une balade surpeuplée. Au sommet, j’ai babillé avec des gens qui connaissent bien la région, en plein été, c’est de la folie, les voitures doivent se parquer loin le long de la route. De plus la météo est souvent voilée en été. Donc le conseil est de venir en fin de saison. Mon conseil est de venir après la fermeture du refuge (19 septembre, cette année 2011). Vous éviterez bien du monde.
En guise de variété, je décide de partir du Col des Annes vers le Col de Borneronde. Je suis seul sur ce tronçon, pas mécontent. Après le col, c’est un passage en forêt tranquille puis j’en sors pour arriver à la ferme Le Planet. Accueilli par une salle bête, chien de berger, heureusement attaché, dont la réputation est connue. Puis une longue montée tout en zigzags proche des lapiaz, fort jolie, mais à l’ombre au matin. Je rejoins la voie normale vers 2000m. Cette montée par Le Planet permet d’éviter les passages techniques de la voie normale. Ce détail est pour les familles car si la voie normale et ses passages avec une chaine pour touristes hollondais et des pas de I vous pose problème, la Pointe Percée n’est pas pour vous.
Après une montée un peu pentue, je rejoins le refuge de Gramusset aussi moche qu’une verrue sur le nez. Je crois même que c’est le plus moche que j’ai jamais vu. Dommage que les avalanches ne viennent pas supprimer cette horreur. Sinon le gardien est sympa, c’est un accompagnateur de montagne. Je lui demande si beaucoup de gens montent par les Cheminées de Sallanches, peu le font. Me voilà rassuré car j’ai oublié mon casque.
Après cette courte pause au refuge, je file en me perdant un peu dans les lapiaz. Cela me vaudra de voir de près, trois lagopèdes, super. Sinon ce début par les lapiaz est un bonheur en chaussures dures et vibram. Il s’agit maintenant de remonter la Combe des Verts qui après les lapiaz, puis la caillasse, se remonte sur des cailloux. C’est plutôt pentu et donc les quadriceps fonctionnent à plein régime. La fin de la combe se redresse encore, dans une sorte de couloir avec des pas de I tendance II (bizarrement, je n’ai qu’une photo de ce passage).
Cela permet d’arriver sur la crête confortable. Là je rencontre un père avec son fils qui viennent de rebrousser chemin avec son fils (~ 7 ans) qui ne se sentait pas de monter les Cheminées de Sallanches. Bravo au père d’accepter cela car ces deux visites précédentes avaient eu lieu par météo bouchée.
Je poursuis par la crête, il faut suivre le marquage indiquant P.P. vers le haut et ne pas se laisser entraîner par le chemin à plat pour Sallanches. J’arrive au pied des difficultés, les Cheminées de Sallanches. Le ton est donné, c’est pentu. Le topo le cote en II, à titre personnel j’y mets de l’escalade 3 pour ce premier passage d’environ 40m. Interdit de tomber. Brève réflexion, puis je me lance en solo. Il y a un anneau et une chaine pour faire un relais. Je préfère quand même être dans le sens de la montée. Ensuite, selon moi, on revient sur des pas de II pour finir par rejoindre la crête par une cheminée.
La suite est plus simple, on longe à flanc de coteau, puis des pas de I/II pour arriver dans un passage où les cailloux tombent facilement. Je croise quelques personnes, puis poursuis. Quelques pas de II me font arriver dans la cheminée finale, passage le plus corsé. L’endroit est à l’ombre, bien patiné, prises de mains moyennes et lorsque je m’y engage, mes bâtons dépassant du sac viennent frotter contre la paroi. Je redescends, réarrange le tout et me relance, avec difficultés pour passer ce passage. Juste après on rejoint la voie normale. Mais nous ne sommes pas encore au sommet !
Il faut remonter un couloir raide pour rejoindre la crête exposée et la longer quelques instants. Enfin j’arrive au sommet de la Pointe Percée, 2750m, le bonheur envahit mon coeur devant le spectacle du Mont-Blanc et de tant d’autres sommets prestigieux. Trop beau ! L’effort est récompensé !
Il y a foule à ce sommet, estimation 80 personnes en va-et-vient. Je m’accorde une large pause, la classe du repas en face de sa majesté le Mont-Blanc.
Puis il faut bien quitter ce lieu, redescendre par la crête puis le long de la voie normale. Parlons de cette voie, la descente est pentue et se fait sur un terrain caillouteux, donc glissant ou sur des rochers patinés. Nous avons fait cette descente en commun à quatre, le chemin zigzague et parfois nous cherchions le prochain point rouge d’indication. Deux parmi nous ont glissé. Le cheminement est ingénieux et se joue des barres rocheuses, amis en résumé je n’ai pas aimé cette descente car offrant peu d’accroche. Il faut constamment surveiller ses appuis. A la fin on se retrouve dans un pierrier et j’ai profité des mes chaussures rigides pour le dévaler en courant. Puis retour sur des lapiaz avant le refuge. Je me suis écarté du chemin officiel pour chercher du lapiaz non patiné. Brève pause à la cabane, toujours aussi moche, mais squattée par les familles.
Puis descente par le chemin pour le Col de l’Oulettaz. Je fus surpris de voir qu’il fallait encore se sortir les mains des poches, plusieurs passages en I. Par contre c’est fort joli avec tout ces lapiaz. Remontée après le Col de l’Oulettaz pour la Pointe des Delevrets et sa chaine pour touristes hollondais. Joli passage sur crête confortable pour la Tête des Annes et l’arrivée de son télésiège et enfin descente en bonne pente pour rejoindre facilement le Col des Annes.
Pointe Percée doit son nom à un orifice visible depuis le Col des Annes, à droit du Doigt. La lumière du soir ne m’a pas permis de l’observer, mais ce site permet une session de rattrapage.