Suisse | Fribourg

Les Gastlosen, montagne inhospitalière, coincé entre le canton de Fribourg, de Berne et un peu de Vaud, sont surtout connues pour la grimpe et ses presque 800 voies. Erhard Lorétan s’y étant frotté les mains. C’est une chaine calcaire abrupte et en dent de scie, offre un joli spectacle mais peu de possibilités de randonnées, c’est surtout le tour des Gastlosen qui est connu. Enfin le Chalet du Soldat (anciennement Chalet du Régiment), reste de la 2ième guerre mondiale, a gagné en celébrité grâce au magazine français Montagne, qui en a fait sa couverture ! C’est ainsi que Christian a découvert ce lieu dont nous ignorions l’existence.
C’est ainsi que nous partons en troupe, avec ma tante Nouchka et sa chienne Valdine, mon frère Marc, en visite depuis Grenoble, Christian et sa fille Perle. Après le village de Jaun, on bifurque à droite pour une route d’alpage jusqu’à son terminus Chli Sattel (1430m). Un départ à pied plutôt pentu, on passe devant fermes, puis nous voyions sur notre gauche (vers 1600m) un chemin pour l’Oberbergpass. Je pensais d’abord passer par le Chalet du Soldat, mais pourquoi pas le faire au retour. On s’engage sur ce sentier, un texte peint sur le rocher nous prévient d’un sentier difficile, mais il en faut plus pour nous arrêter ! On rencontre deux femmes, perdues, qui voulaient faire le tour des Gastlosen mais se retrouve au milieu. Elles décident de nous suivrent. La montée est pentue, parfois un peu de neige, les muscles chauffent mais le terrain reste correct ! Puis on arrive en bas d’un pierrier, avec de reste d’un névé, le terrain se complique un peu, mais en cherchant on trouve de la terre ferme. La pente se redresse encore puis devient plate. On est au pied de la paroi, abrupte. On repère des spits et parfois des cordes. Le secteur est à l’ombre. En regardant mes traces GPS, le GPS perd de la précision au pied de la paroi et les traces deviennent imprécises.
Puis par une dernière montée et des sauts de rochers en rochers on arrive au col de l’Oberbergpass, baigné de soleil, et fort occupé par des grimpeurs. C’est donc un spot. On passe juste le col, et émerveillé par la vue sur les Alpes (les 3 bernoises et tant d’autres montagnes encore bien blanches), nous nous arrêtons, versant S (et bernois) pour la pause de midi. De ce côté, la place est comptée, mais on arrive à s’installer. Nos deux accompagnatrices nous dépassent.
Pendant notre pause, en dehors de profiter de la belle vue sur les alpes, on s’amuse à regarder les grimpeurs en pleines activités, il y a foule et donc ça se bouscule un peu à certains relais. Bien après on repart, le chemin est bien raide et donc en zigzag. On arrive à un premier ressaut rocheux, de notre côté, on le franchit aisément mais il faut porter la chienne. Puis on arrive à un deuxième ressaut plus délicat. Etant en tête, je vais inspecter les lieux mais Valdine s’excite (la peur d’être abandonnée, faudrait creuser sa petite enfance ;-)) et glisse sur les lapiaz (elle n’a pas de semelle Vibram !) et est juste retenu du précipice par des arbustres. Du coup on l’encorde bien que le collier servirait plus à étrangler. Il a fallu descalader ce ressaut, délicat pour nous car il faut chercher les prises, mais en plus avec une chienne excitée, ce fut épique. On y arrive quand même, mais nous ne sommes pas au bout de nos efforts, le chemin reste bien pentu et caillouteux. Donc ceux en amont envoient des cailloux à ceux en aval. Ainsi de nombreux “cailloux” retentissant furent prononcés. On finit, par un pierrier, à rejoindre le chemin tranquille du tour des Gastlosen. Un ruisseau nous permettant d’effacer les traces de terre sur nos mains. L’endroit est même bucolique, les Populages des marais (fleurs jaunes) remplissant les bords du ruisseau.
Par contre les forces vives de certaines se sont amenuisées dans cette descente et le rythme devient tout doux. Par une montée douce, on arrive en bas du col de Wolfs Ort, où un dernier effort nous permet d’arriver à ce col. Belle vue sur Les Diablerets et le reste des préalpes bernoises. On marque une pause, on babille, on profite de l’instant présent. Puis on repart pour le Chalet du Soldat par une crête esthétique. Le Chalet est en vue, en contrebas. Un bref passage pentu, avec névé, puis une descente régulière à flanc de coteau nous permet de rejoindre le Chalet du Soldat. On croise des postes du sentier géologique des Gastlosen dont des prospectus sont à disposition au Chalet.
Sur la terrasse du Chalet du Soldat, on retrouve nos deux accompagnatrices et on partage nos impressions sur la descente du col de l’Oberbergpass : l’avis est partagé, ce fut délicat ! On s’installe, heureux de marquer une bonne pause, consommer une boisson et finir les victuailles des sacs. Le temps est agréable et la vue sur les Gastlosen superbe. Un topo des voies d’escalades est à disposition auprès de la buvette, sur les presque 800 voies, il y en a pour tous les niveaux. C’est l’heure du départ, 35 min annoncé pour rejoindre le parking de Chli Sattel, je profite de la belle lumière, des parapentistes et des choccards pour une dernière séance photo des lieux, puis on descend par la route du 4×4. A la ferme Obber Sattel, on décide de couper par le chemin derrière cette ferme puis en suivant la crête arrondie (rester sur cette crête, c’est moins pentu) pour rejoindre la ferme Unter Sattel et retrouver le chemin de notre montée. Il nous suffit de se laisser descendre pour retrouver la voiture, extenué pour certains mais tous heureux de cette belle journée.