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Refuge des Bouquetins

Le but du weekend est fort : monter au refuge des Bouquetins dans le secteur d’Arolla. Une amie est gardienne bénévole pour le weekend, ça fait une pierre, deux coups ! En plus la météo est annoncée fort belle, après la grisaille des jours derniers. Trop bien. Je profite d’organiser une sortie communautaire.

Arolla

Après un bon moment de route, nous finissons par arriver au petit village d’Arolla, vers 2000 m déjà. Un grand parking est à disposition, c’est le lieu du départ. Bien du monde se retrouve ici car les cabanes sont recherchées (Vignette, Bertol, Dix et Tsa). Le refuge des Bouquetins est nettement moins prisé. Il faut dire qu’il est modeste et que seul la nuitée est proposée. Il faut monter sa nourriture et se faire la cuisine. De suite cela calme les ardeurs. Et le dernier bout se fait sur glacier.

Nous partons par une route de 4×4 qui longe la Borgne d’Arolla, le cours d’eau issu de la fonte des glaciers. Ou plutôt ce que la Grande Dixence laisse en eau non pompée ! Il y a d’ailleurs plus de 10 panneaux touristiques le long de la montée pour relater les travaux du barrage de la Grande Dixence dans le secteur. Intéressant (voir ce PDF). On longe donc la route pour finir par traverser la Borgne d’Arolla via un large pont. De là, le sentier se met à monter sûrement puis franchement

Plan Bertol

Le sentier se met à serpenter. Il faut franchir la ravine du Torrent de Bertol. Impressionnant de voir à la fois le haut et le bas de cette ravine. Juste après, un replat, le Plan Bertol. Tiens cela fait un endroit idéal pour un pause picnic (un peu au-dessus, vers le secteur bétonné il y a des bancs). De là, le sentier progresse sur la moraine. Bigre il a bien fondu. Cela vaut le coup d’admirer en face (rive gauche), le reste de la moraine, travaillée par le ruissellement de l’eau. Fort joli. Devant nous se dresse le Mont Collon et à droite le Bas Glacier d’Arolla.

Sentier abandonné

Sur ce sentier, il y a deux panneaux avec une interdiction pour piéton. Le deuxième panneau est le plus intéressant (à partir du premier panneau, le sentier est trop pourri). Là, le sentier est tout à fait correct. Un usage de précaution, ce sentier est désormais abandonné, mais toujours utilisé (par les gardiens du refuge des Bouquetins) et d’autres randonneurs. Mais il est abandonné. Chacun prend ses responsabilités et assume ses choix. Le sentier est agréable, contourne un massif rocheux et remonte de l’autre côté. On longe ce massif, tiens un lagopède vient se cacher dans le peu d’hautes herbes disponibles. On rejoint une échelle. L’ensemble est solide. Juste après, des protections en fer pour retenir le terrain et c’est une porte d’entrée pour la prise d’eau du Haut Glacier d’Arolla. On passe ensuite devant la conduite en béton pour rejoindre le chemin venant de Plan Bertol (sentier officiel donc).

Haut Glacier d’Arolla

De là, le sentier est tranquille et suit l’eau de la fonte du glacier. C’est débonnaire et joli. Il y a bien des bénoites reptantes en fin de floraison, avec leurs fruits en forme de chevelure. Trop beau. Cette fleur apprécie les moraines entre 2000 m et 3000 m, elle est donc vernie ici. Superbe.

La progression est assez aisée, mais vers le milieu on perd facilement le sentier. On progresse au mieux pour venir buter contre la langue du Haut Glacier d’Arolla. Peu avant, un gros bloc rocheux indique l’année 2008. Belle régression du glacier depuis 12 ans.

Refuge des Bouquetins

Il faut donc monter sur la langue du rocher. C’est la partie la plus délicate car raide et en glace. Il y a quelques marches taillées dans la glace et le gravier aide à tenir. Puis c’est une progression pentue sur la moraine centrale chargée en bloc rocheux. Progression peu agréable, mais sans soucis.

On finit après une bonne marche, par trouver un reste de névé qui permet de rejoindre le glacier. Là la progression est des plus agréables, pas besoin de matériel. Cette partie est agréable, quasi sans crevasse. Il y a juste des trous dans le glacier, où l’eau s’enfonce dans les profondeurs. Ce sont des marmites glaciaires. Joli.  On voit aussi l’écoulement de l’eau en surface avec quasiment des rivières. Ça fond donc bien !

On trouve sur le glacier des piquets, mais couchés sur le glacier. Normalement les gardiens placent ces piquets pour aider au cheminement. Sur la gauche, en regardant dans les hauteurs on voit la toilette puis un bout du refuge des Bouquetins. Il faut poursuivre sur le glacier jusqu’à voir un bon sentier, marqué par des piquets. Là, on quitte le glacier pour amorcer la montée sur la moraine.

Le début est facile, mais il y a un passage, d’environ 10 m, vraiment peu facile : il y a juste de quoi poser un pied après l’autre avec une certaine exposition. Puis le sentier repart en zigzag. Un replat et c’est la montée finale raide pour le refuge des Bouquetins. Il y a deux refuges, le premier pour les gardiens et le deuxième, en forme de yourte, pour le public. La vue est superbe sur le haut du Haut Glacier d’Arolla et le Col Collon. Mais c’est une vue fermée.

Le refuge des Bouquetins (pas vu de bouquetins dans le secteur !) est tout simple. En cercle, les lits, au centre le fourneau et sur les côtés deux tables. Il y a de quoi cuisiner (casseroles, poêle) et couverts. C’est de la cuisson au feu de bois et cela prend son temps. L’eau est fournie par les glaciers ou le stockage de l’eau de pluie. Lors de cette visite, le tuyau est bouché et il faut gérer la petite quantité d’eau de pluie. Bref chauffer l’eau ou la filtrer (je suis monté avec mon filtre à eau).

La capacité des lits est officiellement 20 personnes (28- CHF par personne), mais franchement 4 personnes par grand lit, c’est très serré. Je dirai plutôt 15 personnes. L’abri des gardiens est composé de 9 lits, mais pas pour les clients. Il reste à préparer le repas (polenta, fromage, saucisses), ça prend du temps. Trois allemands veulent se lever vers 5h pour de l’alpinisme au Mont Brûlé, il faut donc se mettre en mode veilleuse. Pas simple. Puis la fatigue nous gagne et il reste à se mettre sous la couverture (drap de sac dit sac à viande obligatoire) pour une nuit à 3000 m.