France | Haute-Savoie

Tête du Colonney

En rentrant du Mont-Blanc, au loin je vois un bâtiment orange qui se détache dans la montagne. Comme je suis avec Alain, j’ai droit à une explication et les randonnées possibles. Tiens la Tête du Colonney semble prometteuse.

Praz Coutant

J’arrive à Praz Coutant, peu avant midi, les travaux et un retard à l’allumage des retro-fusées font un horaire tardif. Il y a un parking dans un virage, puis de l’autre côté de la route une croix rappelant les morts de 1939-45. Le chemin part en forêt, il monte assez fort au début.

Mémorial

Nous passons devant un petit mémorial qui rappelle l’accident du sanatorium de Passy en avril 1970. Une avalanche, en partie de neige, mais surtout de boue et rochers (la fonte des neiges ayant ramolli le terrain). À la fin une partie des bâtiments détruits et 71 morts, en majorité des enfants. Voir ce reportage de l’époque. En montant, j’ai pris un auto-stoppeur, un retraité, qui me disait que cette année il y avait eu une importante chute de neige. Nous traversons une clairière, avec des pins, c’est l’emplacement de l’ancien sanatorium, rasé depuis. Au loin, voit les Rochers de Rion, c’est joli.

Les Egratz

Comme je ne suis pas en avance, je marche d’un bon pas. Il fait assez chaud et le t-shirt s’humidifie. Après une montée en pente régulière en forêt, nous en sortons pour découvrir le cirque des rochers calcaires. On se demande où le chemin va passer car tout est vertical. La montée se poursuit et la vue sur dégage avec le Mont Blanc derrière nous. Superbe. Le calcaire offre aussi un coup d’oeil des plus intéressants, soit par ses couleurs ou les formes. La montée devient plus raide et le chemin zigzague. Il y a des panneaux d’informations sur les différents calcaires. On rentre dans une faille (les Egratz) par un chemin qui fait chauffer les mollets. Une section traverse une dalle qui par temps humide doit être délicate. Une autre partie est à l’ombre et humide, mais excepté un pas (encore une dalle), se passe sans soucis. Une traversée nous fait sortir de cette faille. Le chemin devient un court instant étroit et le vide n’est pas loin. Je le ressens et ne m’attarde pas. Une passerelle, une dernière pente et nous voilà sur le désert de Platé, en pente douce.

Désert de Platé

La physionomie du chemin change totalement et devient douce. Un chemin tranquille m’amène au Chalets de Platé et le refuge de Platé.

Refuge de Platé

Je marque une pause au refuge de Platé. Il est fermé, comme indiqué plus bas, mais l’abri d’hiver est ouvert et j’y monte. L’abri d’hiver est des plus modestes, quelques matelas et de vieilles couvertures. Point de poêle. Je poursuis par un chemin tranquille, d’abord direction E puis N. C’est joli. Il y a plusieurs indices de bouquetins, mais où se cachent-ils ? J’arrive sur la crête, en haut du télésiège des Lindars, mais la brume stationne sur la Tête du Colonney que l’on découvre tardivement sur la montée.

Brume

Je m’installe sur cette crête et marque la pause casse-croute. Après tout autant profiter du panorama sur le Mont Blanc au lieu de la brume s’attardant sur la Tête du Colonney. A l’oeil nu, on voit la trace dans la neige, de la voie normale du Mont Blanc et aux jumelles, je peux deviner des alpinistes. Tiens de jeunes bouquetins sont visibles sur la crête de la Tête des Lindars.

Têtes de Monthieu

Espérant une amélioration, je fais durer ma pause, mais la brume ne fait qu’empirer. Seuls des cumulus sont prévus pour la journée. La déception pointe le bout de son nez, mais la Tête du Colonney dans la brume (le sentier est délicat) pour en plus ne rien voir, ne m’intéresse pas. Je me résous à abandonner … et me montre courageux car je ne pleure pas !

Col du Colonney

Je file en direction du Col du Colonney, passe la Tête de Monthieu et descend ensuite sur les lapiaz du Désert de Platé. La découverte fut de voir un lapiaz atypique, essentiellement dans la partie haute. Le rocher est une sorte de pudding de différents calcaires. Je trouve cela tellement beau, que je m’arrête une bonne dizaine de minutes. Puis je poursuis en descente, le lapiaz devient pentu, mais la semelle accroche bien. Par temps de pluie, cela doit être moins marrant. Je rejoins le Col du Colonney et retrouve peu après un chemin en terre. Plus je rencontre un homme, Sébastien. Je babille et il me fait remarquer qu’il y a beaucoup de bouquetins. Je sors ma monoculaire et en effet ils sont nombreux, dont deux qui se battent un peu. C’est donc cela le bruit sourd que j’entends depuis un moment. Nous restons un long moment, presque une heure à les observer, ainsi qu’une marmotte. Ils sont presque une cinquantaine.

Chalets de Platé

Puis nous filons ensemble, tout en babillant comme des filles. Au refuge de Platé, je l’abandonne et retrouve le haut de la faille. Le côté déversant, au niveau de la passerelle, me fais toujours de l’effet. Je retrouve la faille et la descend. Les bâtons sont appréciés. En en sortant, je vois un chamois au loin. Puis c’est la longue descente, pour retrouver la forêt. Je n’ai plus le droit à la vue sur le Mont Blanc. Je retrouve la forêt. Le chemin finit par redevenir plus doux. Je rejoins le parking, dans les dernières lueurs de la journée. Au final, je ne suis pas allé à la Tête du Colonney, mais un lapiaz de toute beauté, une jolie rencontre avec Sébastien et les bouquetins ont mis du baume au coeur. Pas belle la vie ?

Deux jours plus tard, je reviens pour réaliser la Tête du Colonney.