Tête du Colonney
Il y a deux jours je suis venu, j’ai vu, mais point vaincu la Tête du Colonney. La brume ayant eu raison de mes espoirs. Je retente ma chance, mais en variant les plaisirs d’itinéraire. J’ai deux solutions, depuis la plaine en montant par le refuge de Véran ou Flaine. Par le refuge de Véran, c’est plus de 2100m de dénivelé. Mes genoux ont encore le souvenir des dernières grandes courses et je dois les écouter. Ce sera par Flaine, station de ski.
Flaine
Après une longue route depuis la plaine, j’arrive à Flaine. Je crois que seul Staline pourrait s’extasier devant tant charme … soviétique. Au moins, ils ne font pas les choses à moitié ici, pour ceux qui aiment le béton dans toute sa beauté grise, ils seront servis. Il fait 8°c et ça caille. J’optimise mon parcours pour rejoindre au plus vite le soleil et pars donc en direction des Chalets d’Aujon. Je remonte par la piste de ski, les épilobes égaillent mon parcours. Puis ce sont les vaches, des charolaises. J’essaye d’entrer en communication avec elles, mais point de succès. Vu leur cornes et qu’elles me regardent de travers, je passe outre. Je sors de la forêt. Un vieux téléski m’amuse, les pylônes sont rouillés et la peinture s’écaille. A partir de là, je monte en hors piste … euh quoique je suis sur une piste de ski. Tiens il y a quelques myrtilles. Le massif local Aup de Véran est des plus jolis et je rejoins le haut du télésiège éponyme.
Col du Monthieu
A parti de là, le chemin file en direction du Col de Monthieu, mais au loin de je vois la Tête du Colonney et me dis que cela doit bien passer. Je file par le sentier du Col de Monthieu. C’est un sentier très ludique parmi les lapiaz. Et aussi très beau. Je croise deux personnes, ça brise ma solitude. J’arrive au Col du Monthieu, le chemin descend. Je sors ma monoculaire et observe les lieux. Une vire semble prometteuse et la suite parait possible. Il faudra sûrement se sortir les mains des poches. J’hésite, il y a du dénivelé et je ne connais pas le secteur. Je ne sais même pas si ça passe, en plus !
L’aventure
Après une longue réflexion, je décide de me lancer, au pire je fais demi-tour. J’arrive sur la vire, confortable et la surprise fut de trouver rapidement … un cairn. C’est mon jour de chance ! Excepté un rocher à contourner, c’est confortable et les cairns se suivent régulièrement. Au bout de la vire, je retrouve le soleil … et des bouquetins. Magnifique. La suite du jeu et de repérer où se trouve le cairn suivant. J’arrive dans un cirque, il y a quelques pas de II, mais rien de compliqué. Plateau suivant, c’est un névé qui me stoppe. Un gros marquage orange indique la voie, mais le névé est en neige dure. Tiens sur ma droite, un groupe de 5 personnes monte. Je me disais aussi que j’entendais des voix ! Je passe le névé par la roture (espace entre le rocher et le névé qui a fondu). Des pas de II, quelques pas de 3 et un chemin raide, mais ludique. Je prends bien du plaisir dans ce cheminement. Puis j’arrive sous une dalle inclinée. Une petite vire permet de rejoindre le bas d’une face. C’est de l’escalade en 3 avec des prises moyennes. Deux spits permettent un assurage. C’est le passage clef de cette course et le plus délicat. La suite est un lapiaz en pente douce. Très belle section. Puis le chemin repart dans les hauteurs et je rattrape le groupe de 5, des russes d’une ONG de Genève. Un passage raide et j’arrive sur la crête finale. Le Mont Blanc se dévoile, mais les cumulus arrivent. Je me dépêche. Juste avant le sommet, il y a une dalle inclinée qu’il faut traverser par son arête. Cela fait son effet, j’avance avec précaution. Par temps de pluie, allez voir ailleurs.
Tête du Colonney
J’arrive à la Tête du Colonney (2692m) où nous sommes une petite dizaine de personnes. Long babillage avec d’autres randonneurs, puis je me retrouve seul. Les cumulus ont proliféré et je suis désormais à l’ombre, la vue se bouchant. J’ai eu le temps de prendre mes photos. Je prends le temps de la pause casse-croute et espère une embellie.
Col de Tré l’Epaule
Longtemps après, je me résous à partir, les nuages stationnent. Je repasse la dalle inclinée avec précaution et descends la face N, puis file en direction du Col de Tré l’Epaule. J’évite un névé (c’est le souci dans les faces N) et arrive au Col de Tré l’Epaule. Là, un passage dans la face permet de rejoindre l’arête de la Tête des Lindars. Pour rejoindre cette arête, trois échelons et une chaine. Pas difficile et on se retrouve sur l’arête. Elle n’est pas trop effilée, mais le vide n’est pas très loin, restons concentré. Puis je rejoins facilement la Tête des Lindars.
Tête des Lindars
Un crochet par le sommet de la Tête des Lindars et je descends par l’E dans un joli éboulis. Je croise des femelles bouquetins avec leurs petits, quel plaisir. Je m’attarde pour les observer. Je rejoins la Tête de Monthieu puis descends sur le Désert de Platé.
Désert de Platé
Je suis passé par ce chemin il y a deux jours, mais le plaisir de revoir ce lapiaz est immense. A nouveau, je m’arrête pour contempler ce lapiaz. Peu après, je fais une longue pause, car en contrebas il y a bien des bouquetins, des mâles âgés. Je poursuis la descente sur ce lapiaz, en suivant le marquage bleu.
Col du Colonney
Je rejoins le Col du Colonney et décide de poursuivre par les Grands Platières, c’est la version longue. Je remonte par un sentier puis retrouve un lapiaz. De nouveau je croise des bouquetins, des mâles et des ados. Je peux m’approcher à environ 7-8m, pas plus. Je reste encore un bon moment à les observer.
Les Grandes Platières
Par une jolie traversée sur le lapiaz et un éboulis, j’arrive en haut du téléphérique des Grandes Platières. Rien de sexy, surtout que je ne vois plus le Mont-Blanc. Je poursuis par la piste de ski, monotone, excepté un joli cimetière à cairns. Puis en pilote automatique, je poursuis sur cette piste.
Col Pelouse
Après le Col Pelouse, je coupe dans le pâturage où le moutons ont fait une trace. C’est plus intéressant. Je croise les moutons puis rejoins la route. Après un bon moment sur cette route, je retrouve Flaine et son béton toujours soviétique. Au final, une randonnée inattendue et exceptionnelle, mais reste délicate en début de saison à cause des névés.
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