France | Haute-Savoie
  1. Refuge du Goûter
  2. Mont Blanc
  3. Nid d’Aigle

Partie remise

Il y a deux ans en arrière, Alain m’avait proposé de monter au Mont Blanc. Je ne coure pas après les 4000m, mais lorsqu’un se présente, j’y accoure. La météo avait annulé ce projet. Le nouveau refuge du Goûter est désormais opérationnel, mais il faut réserver assez à l’avance avec l’inconnu de la météo.Diantre, contraire à nos habitudes de se décider au dernier moment. La météo semble potable et je pars avec Alain pour Chamonix. Au passage le Mont Blanc n’est pas le plus haut sommet d’Europe, puisque c’est le Mont Elbrouz (5642) dans le Caucase (pas très loin de Sotchi des J.O. de 2014). Mais on peut dire que le Mont Blanc est le plus haut sommet d’Europe occidentale.

Accidents

Comme j’ai eu l‘occasion de l’écrire, les journaux aiment bien relater les accidents de montagne (alors qu’il y a bien plus de noyades !) et voilà que la famille stresse pour moi. J’ai beau dire que la voie normale est cotée Alpinisme Facile (hum, ne pas oublier le mot alpinisme, je reviendrai sur ce point), ou PD- selon les topos, la famille trouve ce projet dangereux car il y a des morts, cette année, par la voie des trois monts. Bref le stress me rattrape le soir et je dors mal.

Saint-Gervais

Je retrouve Alain, pour lui aussi la nuit fut courte, je me sens moins seul. Nous filons pour Saint-Gervais en Haute-Savoie et prenons le train à crémaillère au Fayet (36.50 EUR l’A/R). 1h après nous arrivons au terminus nommé le Nid d’Aigle (2372m).

Nid d’Aigle

Bien des alpinistes en sortent dont certains partent d’un pas bien rapide. Nous avons le temps et filons au pas du guide. Le temps est humide et la montée est pentue, mais régulière. Les sacs sont lourds et le t-shirt devient vite humide. La caravane des alpinistes s’étirent et nous croisons des jeunes bouquetins peu farouches (comme on les aime) qui se laissent approcher. C’est bon pour les photos. Nous passons devant une baraque en béton, la Baraque Forestière des Rognes et bifurquons à l’E. Le terrain se fait plus doux, parmi des blocs rocheux et les bouquetins sont toujours présents. Puis le chemin part sur une sorte de crête, dans un chemin qui serpente parmi ces blocs. Quelques chaines doivent être utiles en cas de pluie. C’est joli, mais pentu. Nous débouchons devant le glacier de Tête Rousse.

Glacier de Tête Rousse

Juste devant le glacier, il y a un cabanon où en été, les gendarmes font les guets (sans la réservation du refuge du Goûter, impossible d’aller plus en été). Sur le côté, il y a le refuge de Tête Rousse et quelques tentes, vu que c’est le seul secteur autorisé pour le bivouac. Nous traversons le glacier de Tête Rousse à pied et arrivons devant le couloir du Goûter.

Couloir du Goûter

Le couloir du Goûter (Grand Couloir) a une sale réputation. Lors d’une randonnée alpine avec un guide de Leysin (Vaud), il nommait ce passeage le Vietnam, car ça canarde. C’est un couloir de 100m de large et environ 600m de haut bien raide. Avec le réchauffement climatique, les blocs rocheux tombent en avalanche. L’inconvénient et qu’il faut traverser ces 100m de largeur, donc exposé. La moitié des accidents mortels sur le Mont Blanc a lieu ici. Nous passons avec Alain, ce passage un à la fois, d’un bon pas, sans courir, en surveillant les hauteurs. Nous arrivons de l’autre côté en se disant que tout va bien. Nous réajustons nos sacs, lorsque 5 min après c’est une énorme avalanche rocheuse qui déboule, bruit et poussière de partout. On s’abrite, recroquevillé sous nos sacs et casques. C’est le Vietnam ! La suite est une longue remontée sur le bord (sorte d’arête rocheuse). Le sentier est tout en zigzags, raide avec de nombreux passage en escalade en 3. Il y a toute une série de câbles pour s’aider. C’est assez long.

Ancien refuge du Goûter

Nous sortons de ce couloir à l’ancien refuge du Goûter, désormais fermé. Une petite plateforme permet de s’équiper et de mettre les crampons. Il faut remonter une pente neigeuse (une corde fixe est installée) puis suivre un replat pour rejoindre facilement le nouveau refuge du Goûter.

Refuge du Goûter

Le nouveau refuge du Goûter date de 2013, l’extérieur est de forme ovoïde, très joli. L’intérieur est en sapin (douglas, blanc et épicéa de la région) et je fus charmé par la noblesse que cela dégage. Superbe. Nous logeons au dernier étage et j’admire les poutres de bois. Les lits sont ingénieux et confortable. Le tarif est de 55.- EUR pour la nuit et autant pour la demi-pension. Cher donc. Seuls défaut : il fait trop chaud et point d’eau pour les mains au sanitaire (un gel d’alcool est à disposition). Donc trop chaud et difficile de s’endormir. Une remarque, le repas est agréable (poisson frais et  purée de légumes), mais difficile de caler l’estomac d’un alpiniste ! Il se met à neiger en fin de journée et à 20h, nous filons au lit, le réveil est prévu pour 3h du matin. Demain est le grand jour, il va falloir faire preuve de bravoure ! Le Mont Blanc nous attend.