Tête de Ferret, j’y étais venu l’été passé, en 2010 pour du repérage en ski. Ce samedi, la météo prévoit grand beau et je pars donc pour le val Ferret. C’est un des vallons que j’aime bien, il a su garder son côté sauvage, les autochtones ayant opté pour un tourisme doux. Si vous voulez, vous pouvez toujours bifurquer en bas pour Verbier pour un tourisme … plus industriel !
Départ depuis Le Clou, après La Fouly, un névé bloquant comme d’habitude la route. 7h30, départ à pieds pour peu de temps, juste le temps de traverser le pont enjambant la Dranse de Ferret. On arrive sur la piste de ski de fond et pour varier, je décide de la suivre un peu plus longtemps que d’habitude. L’idée ne fut pas terrible car dans la pente pour rejoindre le Pt1772 de Létemaire, la neige n’était pas terrible (croutée, peu portante et parfois pourrie).
Je traverse la forêt et cherche des traces de montée (normalement dans la pente à gauche), mais n’en trouve qu’une vieille que je suis plus ou moins.
Cela fait une semaine que je traine un refroidissement dont je n’arrive pas à me débarrasser, tel le scotch du capitaine Haddock. Donc en montant, je sens que le corps a du mal, le souffle est court et je suis donc obligé à faire des pauses (trop) régulières pour reprendre des forces. Je me demande même si La Dotse ne sera pas ma destination finale, mais trouvant immoral de massacrer une si belle journée, le mental va compenser cette faiblesse. J’arrive sur la crête de La Dotse, les lieux sont toujours aussi beau, la vue s’ouvre sur Le Dolent. La Tête de Ferret au fond, superbe, c’est beau tout simplement. Par contre le vent est bien là (on l’avait depuis le départ), mais on le ressent bien plus sur la crête. C’est un invité surprise dont on se serait passé.
Sur la crête je croise deux lagopèdes, tout heureux d’en voir, pour la première fois en hiver. Leur robe blanche est censé leur assuré une certaine protection, mais je fus surpris qu’ils partent en marchant et non en volant devant moi. Au moins j’ai pu en profiter un peu plus longtemps.
La montée de La Dotse est longue, mais esthétique. Il m’a fallu 2h30 pour rejoindre le sommet. J’arrive au sommet, tout content d’être malgré tout, vu mon état, dans un timing correct. Un vent fort m’y accueille, je sors donc ma hardshell (H2NO, patagonia) et les gros gants. Sur moi j’ai toutes mes couches, soit 4 (laine de merinos, Regulator de Patagonia pour la chaleur, softshell et hardshell). Je pensais que cela allait créer une ambiance tropicale, bénéfique à mon refroidissement, mais même pas !
La pause est courte à La Dotse, jusque 15 min pour prendre les photos et ajouter les couches de vêtements et on repart. La pente est douce, voire négative. Sur la gauche le vallon de La Peule, avec des grosses coulées. Je cherche des traces de descente depuis La Pointe de Combette, mais rien. Devant moi, la Tête Ferret et surtout la pointe Walker des Grandes Jorasses. Je la trouve plus jolie depuis le col de Ban Darray, mais elle reste toujours aussi belle.
Dans la longue pente finale, pour la Tête de Ferret, je retrouve mon rythme de sénateur, mais la neige est déjà en cours de transformation (11h). Au sommet je vois deux skieurs qui descendent déjà, montés par la Combe des Fonds, sinon j’étais seul au monde ! J’arrive à 11h45 à la Tête de Ferret, bon timing malgré tout et heureux d’être là : quelle vue !
Avec Stéphane d’Alpavista, nous avons eu un long échange au sujet des personnes qui ont descendu la face N de la Tête Ferret (juste sous le sommet) par danger 3, la semaine dernière. Toujours dans nos discussions, un inconscient à déclenché, en solo, une grosse avalanche à Six Manouvray et il remonte pour en déclencher une deuxième (allez aussi lire les commentaires). Munter doit s’arracher ses (nombreux) cheveux, car selon sa méthode (même la réduction professionnelle), ces pentes sont non recommandées. Inconscience ?
15 min de pause à la Tête de Ferret, cela me fait repartir à midi (le danger augmentait de +1 en cours de journée) et je descends, certes en face N, mais en rebroussant chemin le long de la crête de la montée pour prendre les pentes plus douces de la pente NE. Le risque zéro n’existe pas, mais autant limiter les risques, si en plus on nous donne une méthode pour cela.
Descente dans cette face NE, dans une neige poudreuse compactée soufflée, je ne suis pas un fan. Puis plus bas, neige décaillée, moquette à gros poils comme disent certains, excellent ! Je croise une raquetteuse dans ces pentes douces, je m’arrête et babille un peu.
- Alors vous montez où ?
- Au sommmet
- Oula, attention au danger d’avalanche qui augmente l’après-midi !
- Mais non on va au petit sommet dans le creux (le col, ndlr), pas au grand sommet (Tête de Ferret, ndlr) !
Je fus abasourdi par tant d’imprécision et lors de l’accident la semaine dernière du côté de Bourg-Saint-Pierre, la dame rescapée, en donnant l’alerte, n’a pas su dire où elle était ! Conclusion si vous sortez avec des dames, prenez grand soin de leur apprendre un peu la géographique du parcours et vérifier que la leçon soit retenue !
Je croise monsieur plus bas, mais en plein schuss, l’occasion de discuter fut réduite à un salut main/bâton, service minimal du skieur.
Je bascule dans le vallon de La Léchère, en été je me demandais comment s’y repérer avec la neige. C’est simple, suivez les traces ! On bascule dans une face E, la neige devient lourde, le vallon est toujours aussi joli. Puis les pentes au-dessus de la ferme de Léchère-Dessus. Neige franchement lourde, pourrie et en plus il faut commencer à bien choisir son itinéraire pour éviter les bandes de terres. Je repasse devant le joli chalet au-dessus de la cabane de La Léchère, puis un peu de gymkhana entre les aulnes et cette neige pourrie pour rejoindre le refuge de La Léchère qui n’ouvre que début juin.
Des aulnes et du déchaussage pour rejoindre la pente finale s’arrêtant devant le pont enjambant la Dranse de Ferret. Il suffit de marcher, tout en appréciant le paysage pour retrouver la voiture. Les skieurs rentrent petit à petit, les marcheurs partent faire des petits tours, chacun venant apprécier ce vallon magnifique.
Il se peut fortement que ce soit ma dernière sortie en ski, la neige devient problématique. Et pourtant nous sommes que début avril, les années précédentes, je cessais le ski début mai. Un moi d’avance ! La saison 2010-2011, ne restera pas dans les annales du ski, mais par contre nous avons été gâtés pour le soleil !
Laisser un commentaire