Suisse | Valais

Sanetsch

Le samedi est annoncé en partie ensoleillé, surtout le matin et dans le Valais. Donc j’étudie avec minutie la perturbation qui arrivera par le S. Je file dans les Alpes du N. Je me décide pour une randonnée à ski, dans le secteur du Sanetsch que j’ai surtout fréquenté à pied. Comme il faut partir tôt, ski de printemps oblige, je décide d’arriver la veille. Le vendredi soir, j’arrive au parking d’hiver avant le restaurant de Grand-Zou, au-dessus de La Tsandra. Bien des moto-neiges stationnent là. Il est 22h30 quand j’arrive, +5°c, ça n’est pas bon pour le regel nocturne. Et en plus j’ai chaud dans mon sac de couchage. Mais où sont donc les nuits fraiches d’antan ? Tout fout le camp ma petite dame !

Il est 5h45 du matin, Daniel s’éveille

5h45, c’est dur de sortir du sac de couchage. Un coup de pied et deux cafés plus loin, je suis opérationnel et pars tranquillement par la route. Un petit échange avec d’autres vaudois (c’est l’invasion) et je passe devant le restaurant Le Zanfleuron du Grand-Zour (ils doivent zozoter dans le coin !) qui est ouvert en cette saison. Je poursuis tout tranquillement par la route, ça me rappelle m’a dernière sortie dans la région, Tour de la Fava, il y a quelques mois. J’arrive au hameau de Glarey. Le topo donne deux possibilités pour monter à l’Hôtel du Sanetsch. De loin, j’estime que la variante de gauche est la meilleure. Je quitte la route et passe sous la ligne haute tension. La neige est un peu molle, le regel nocturne est faible.

Hôtel du Sanetsch

La montée se poursuit par le chemin d’été, en traversant La Morge. Le secteur devient plus pentu, les conversions s’enchainent et je finis par arriver à l’Hôtel du Sanetsch. Je fais une pause, l’endroit est sympathique, la vue se dégage sur le glacier des Diablerets. La météo reste par contre bien grise, mais où est le soleil annoncé ?

Tsanfleuron

Par des pentes vallonnées, je rejoins les hauteurs de Tsanfleuron et son arrêt de bus jaune de La Poste, prisonnier des neiges. Il faut désormais monter entre l’Arête de l’Arpille et Le Sublage, à gauche du Pt2316. Le terrain est raide et les conversions s’enchainent.

Le salaire de la peur

Cette pente est raide et sa montée devra être sous pesée en fonction du danger d’avalanche. Les conversions deviennent un peu techniques et vu la pente le faux pas est interdit. Parfois la neige est soufflée et il faut avancer avec prudence. J’arrive sous une zone de sérac (la neige glisse et se plisse). Je dois passer par un sorte de couloir bien raide. J’amorce une conversion et un de mes skis se détache. Oups après la pause à l’Hôtel du Sanetsch, j’ai oublié de bloquer la fixation (position ski). Dans une douceur extrême, j’attrape mon ski et descend quelques mètres plus bas pour calmer cette rebellion subite. Le coeur bat la chamade et l’adrénaline irrigue mes veines. Je passe ce petit col et quelques conversions de plus j’arrive dans le vallon de La Tsanfleuronne. Je m’accorde une pause boisson pour faire retomber la pression. Boudu con, quel stress !

La Tsanfleuronne

Le terrain devient doux, série de vallons. Je fus surpris de voir une trace d’un lièvre. Il s’aventure haut le bougre. Le calcaire abonde dans la région et certains blocs tombés sont recouverts de lichen orange. Superbe. Je poursuis la montée et j’ai le droit à quelques brefs rayons de soleil.

Sérac, ça va être ricrac

J’arrive au col du Pt2598, un piquet du chemin d’été me rappelle que la civilisation existe. Devant le Wildhorn et sur ma droite le Sérac. Un joli nom comme cela, qui rime avec mon nom de famille, ne pouvait que m’attirer et c’est mon but de la journée. Mais je décide de faire un crochet au Sublage, dont la crête m’attire. La montée est agréable, vallonné. Je découvre avec bonheur un trace, peut-être du jour. Mais un vent à décorner un vache d’Hérens s’invite et qui fouette mon doux visage. Le terrain devient hostile. Plus je monte, plus j’abondonne l’idée de filer au Sérac : le ciel est toujours de plomb et le vent me dit qu’un sommet sera suffisant.

Le Sublage

Le Sublage est un sommet farceur, la crête est confortable, mais on croit atteindre le sommet lorsqu’on découvre que c’est n’est qu’une antécime. Je lutte, avec courage, contre le vent et au loin le sommet avec son grand cairn et sa croix me font comprendre que je touche au but. J’arrive au sommet du Sublage, 2734.9m. La météo me laisse juste le Mont Gond, les Diablerets et l’Oldenhorn bien visible. Les sommets des Alpes valaisannes restent pris par les nuages.. Je prends un peu de temps, malgré le vent et j’étudie le cheminement de la descente. Il faut contourner une falaise à l’E du Sublage.

La Dui

Je descends du sommet et tire en descente vers les pentes à droite (NE). J’ai un peu de jour blanc et préfère revenir sur mes pas, plus au N, j’y vois mieux (merci les quelques rochers) pour être certains d’éviter la barre rocheuse. Le terrain est raide dans le coin et je me trouve une belle descente. J’arrive dans une jolie combe avec une belle neige. Les traces des skieurs aident à me diriger. J’arrive dans la grande descente au SE du Sublage dans le haut de La Dui. La neige devient pourrie et dans le milieu de cette pente, une gigantesque coulée du manteau neigeux a eu lieu. Il faut se frayer un chemin dans ce Capharnaüm. Je passe devant une des ruines de La Dui, dont un gros bloc exterminateur marque le territoire. Je passe l’alpage sous les 2000m puis coupe la route. Vers 1700m, vu la neige pourrie et l’herbe bien visible je décide de suivre sagement la route plutôt que la pente pour Sur le Sex

Oscar est fier de nous

Je descends tranquillement cette route et arrive tranquillement au nouveau pont qui enjambe La Niétage. Un homme marche avec des jumelles et je m’arrête pour discuter. Nous babillons comme des filles puis il me propose un verre dans son chalet voisin. Avec sa femme, nous filons dans leur chalet. Ainsi je me retrouve assis à table chez Dominique et Huguette. Ai-je besoin de préciser que le verre s’est transformé en repas ? Quel accueil de la part de ces valaisans de Savièse. Oscar peut-être fier d’eux. En plus la gentiane dont Dominique a récolté les racines, les mirabelles marinées dans l’alcool. Le Valais dans toute sa splendeur.

Tout doux Dinky

2h plus tard (16h !), il faut se résoudre à quitter ces lieux bénis. Mais toute cette eau ferrugineuse qui coule dans mes petites veines, me fait prendre conscience qu’il faut se méfier des épicéas qui dans la région sont farceurs et traversent la route sans prévenir et surtout à l’insu de notre plein gré. Sagesse n’a même pas eu besoin de me rappeler à l’ordre, je descends par la route en mode chasse-neige, non sans pisser contre un épicéa pour lui faire comprendre que c’est moi le chef ! Non mais. Un tunnel à passer à pied (attention au verglas), une moto-neige plus loin et j’arrive devant le restaurant du Grand-Zour (ce nom m’éclate !). Mon esprit retrouve sa clarté. Puis il me reste à descendre tranquillement la route du matin pour rejoindre ma voiture. Quelle journée et rencontres magnifiques. Pas belle la vie ?