Suisse | Valais

Je me prévois une randonnée dans le Jura français, mais vendredi soir, la météo annonce des nuages dans la région. C’est le Sud des Alpes qui s’accapare le soleil. Je me grille quelques neurones et me décide pour le Val Ferret dans le Valais. Un peu de mal à émerger, mais je finis par partir. Bien du monde sur cette autoroute et mon horaire commence à accumuler du retard. J’arrive à La Fouly et file aux Granges, parking d’hiver pour le fond du Val Ferret. Bondé, plus de places. Je redescends et me gare à La Fouly. Sur ma gauche, le vallon de la Cabane de l’A Neuve. Tiens en voilà un plan B. La cabane de l’A Neuve est déjà visitée, mais toujours en été (voir cette randonnée de septembre 2013).
Je descends à pied et chausse les skis sur la piste de ski de fond qui traverser le hameau de l’A Neuve. C’est le grand ciel bleu, aucun nuage et température très douce. Cela fait des lustres qu’une telle météo ne nous est offerte. Limite choquant ! Je longe la piste de ski de fonds, quelques traces de lièvres et chevreuils. Déjà des skieurs descendent, il faut dire qu’il est presque 11h. Les derniers arbres, puis c’est la montée douce dans ce cirque dominé par Le Dolent. Nous ne suivons pas le chemin d’été, le seul point commun est le rocher du Pt2096. Je croise du monde et profite de babiller un peu.
La température, le manque de sommeil, le soleil produisent sur mon petit corps des effets néfastes. C’est le coup de mou, le coeur pulse (bon tant qu’il bat c’est bon signe) et je n’ai pas assez de thé. La vie est dure et injuste ! Alors je monte en mode diesel … mais je monte au moins. J’arrive à hauteur de la cabane de l’A Neuve, peu de traces y vont. Je m’accorde quelques brèves pauses, buvant mon thé coupé à la neige, histoire de gagner quelques millilitres. Le souffle est court, le mal de tête naissant, mais les muscles répondent, donc je poursuis. Euh d’ailleurs ça mène où ? Ah oui la Grande Lui. Cool quoique avec une ‘e’ cela ferait plutôt la Grande Elle.
J’arrive au niveau du glacier, ce qui en hiver ne change pas grand chose, tout est blanc. Le décor est superbe, le granite des rochers tranche avec la blancheur. Des traces montent au Col des Essettes. Il faut contourner le rocher du Pt3032. La dernière traversée, gelée, avant de rejoindre le dernier plateau (vers 3200m) me donne des sueurs froides. Pas envie de mettre les couteaux pour quelques mètres, surtout que le terrain est raide. Difficile de farfouiller le sac, enlever les skis et mettre les couteaux. Je passe à l’arrache, lentement et rejoins avec bonheur le dernier tronçon du glacier. Ah mais c’est encore pentu et en plus un vent frais m’y accueille. Ca n’est que vers 3300m que le terrain devient doux. Devant moi se dresse la Grande Lui. Une belle trace y monte et cela semble à portée de ski … sauf qu’il 16h30 passé et que l’ombre gagne du terrain. Je m’accorde un temps de réflexion. La Grande Lui, plus le temps, le Col de l’A Neuve où une bonne trace y file ou le Col de la Grande Lui où juste deux traces de descentes sont visibles. Ce dernier est le plus proche et j’y file. Dépôt des skis sous un rocher qui me protège du vent. A pied je rejoins facilement le Col de la Grande Lui et découvre une partie du secteur de Saleina.
Le secteur est quasiment dans l’ombre, j’amorce la descente. La neige est redevenue dure, béton même. Mes muscles me rappellent que la montée fut longue, mais le bonheur est grand d’être là. La neige béton, je ne maitrise point alors je descends tranquillement, profitant de m’en mettre plein les yeux sur les Alpes valaisannes et italiennes. Quelques rares secteurs protégés du soleil offrent de la neige poudreuse, ah quel bonheur … et repos pour les muscles. Au niveau de la Reuse de l’A Neuve, les contreforts de La Maye m’offrent un grand moment de poudreuse. Cela se déguste telle une glace en été. Je rejoins le hameau de l’A Neuve, les lueurs du soir gagnent les sommets. Quelle journée. Pas belle la vie ?