La veille, le troupeau d’Accompagnateurs en formation sommes montés au Col du Grand Saint Bernard pour notre cours d’histoire. Aujourd’hui, il s’agit de quitter ces lieux charmants pour découvrir les nombreux trésors historiques. L’idée de cette randonnée est de partir depuis le Col du Saint-Bernard jusqu’à Bourg Saint Pierre pour découvrir les différents vestiges de l’histoire. Le Col du Grand Saint Bernard était un passage clé entre le N et le S. Pour les Celtes, ils honoraient leur dieu Pen (ils nous restent en souvenir les Alpes Penines) et les romains leur dieu Jupiter (Mont Joux).
Plan de Jupiter
Après la nuitée à l’Hospice, nous filons au matin vers le Plan de Jupiter, côté italien (peu après la statue de Bernard de Menthon). Il y a là un reste de voie romaine, encore sous la neige lors de notre passage.
Bernard de Menthon
Nous revenons sur nos pas pour passer devant la statue en souvenir de Bernard de Menthon (vers 1020).Archidiacre d’Aoste, il fonde vers 1050 un hospice, au sommet du col du Mont-Joux, qui porte désormais son nom.
Bonaparte
En revenant à l’Hospice, plusieurs plaques commémorent le passage de Napoléon et ses soldats (46’000) en 1800. A Marengon un de ses généraux, Charles Antoine Desaix, meurt. Gros chagrin pour Napoléon qui lui construit un tombeau en marbre dans l’église de l’hospice du Grand-Saint-Bernard en 1806. Cela faisant profane, il fut déplacé et se trouve actuellement dans couloir de la bibliothèque de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, entre le rez-de-chaussée et le premier étage.
L’Hospice du Grand-Saint-Bernard
L’hospice. Il vaut le coup de s’y arrêter pour une nuit. L’accueil est simple et chaleureux. Petite musique au matin, repas agréables et copieux. Les chambres individuelles sont d’un style ancien, les dortoirs sont plus classiques. Mon regret est de ne pas avoir pu revister le musée car il n’ouvre que vers début juin. L’église était fermée lorsque j’ai voulu la visiter. Sa décoration jure un peu avec la sobriété générale.
Restes du Moyen Âge
La couche de neige étant encore assez portante, nous descendons par le chemin pédestre de la Combe aux Morts dont le nom en dit long sur les difficultés des voyageurs. Vers le bas de cette combe, il y a des marches en pierre, cachée par la neige lors de notre passage, autour de l’abri du Tronchet (téléphones de grand-papa pour appeler les chanoines au secours). A côté de la route, il a aussi le Pont de Nudry, en pierres sèches, datant du Moyen Âge. Lui aussi était caché par la neige.
L’Hospitalet
Nous quittons la neige pour la roche et la terre à l’Hospitalet. La bouche d’aération du tunnel met le béton à l’honneur. L’Hospitalet (petit hospice) a 2 abris (manses) où les chanoines laissaient quelques vivres. C’était le point le plus bas où ils descendaient pour porter secours. Actuellement ces deux abris sont murés. Le barrage local permet de produire l’électricité du tunnel.
Là nous profitons d’une pause pour la pause de midi.
Alpage de la Pierre
Nous reprenons notre route pour rejoindre l’alpage, les fleurs deviennent de plus en nombreuses. C’est un joli batiment en pierres sèches, actuellement abandonné, propriété de l’Hospice. Il servait d’écurie pour changer de mulet avant la montée au col.
Seconde Guerre Mondiale
Le Col du Grand Saint Bernard étant un passage stratégique et des fois que Mussolini veuille envahir la Suisse, l’armée dans sa science a construit 3 ouvrages de défense, dont deux au col (voir cette page)
Barrage des Toules
Puis nous longeons le barrage des Toules et l’oléoduc (qui passe par le tunnel) qui part de Gênes pour Collombey. Partir une peu longue, mais les couleurs du lac, encore bien bas mettent un peu de variété au menu. Le barrage a été rehaussé (ainsi que des protections antisismiques) et était en travaux pendant 5 ans. Puis nous longeons un chemin forestier pour arriver à l’ancienne douane de Bourg Saint-Pierre.
Bourg Saint Pierre
Cette ancienne douane, vendu à un particulier qui l’a décorée de façon fort jolie, mais la contrebande était plus dans l’autre sens de la fresque murale, les cigarettes passaient de la Suisse vers l’Italie !
Nous rentrons par l’ancienne route médiévale où nous pouvons encore admirer le reste d’une fortification. Juste avant nous traversons le pont Charles. Il y a juste à côté le moulin de Valsorey, en cours de rénovation ce jour.
Dans la ville, à côté de l’église se trouve une ancienne borne milliaire romaine, en forme de colonne. Elle a été déplacée depuis Barrasson.
Enfin nous arrivons au centre du village, où la commune affiche une lettre (l’original !) de Napoléon au sujet de ses dettes, suite à son passage de 1800. L’Hospice a réussi à se faire payer (avec 5 ans de retard), mais Bourg Saint Pierre, que partiellement.
Ce que peu d’ouvrages historiques ont raconté est la dette que Bonaparte avait contractée auprès des habitants de la petite commune de Bourg-Saint-Pierre (dernier village avant le col) pour le transit et l’aide au transport des hommes, du matériel et des chevaux de l’armée française. Les Suisses ont livré en tout 22 000 bouteilles de vin, 3 500 livres de fromage, 400 de riz, 500 de pain, 1 800 de viande,etc… pour une somme totale de 40 000 francs de l’époque, dont seuls 18 000 francs ont été réglés 5 ans plus tard en 1805 (source).
C’est donc en 1984 que le président de la République française, François Mitterrand, fait don à la commune d’un médaillon de 80 centimètres de diamètre représentant le passage du col par Napoléon Bonaparte afin de clore symboliquement ce contentieux. C’est beau la politique !
Laisser un commentaire