Suisse | Valais

Une journée d’automne qui est annoncée belle et je profite de refaire une ancienne randonnée : Pissevache – l’ancienne usine hydroélectrique, Gorges du Dailley et rentrer en train depuis Salvan->Vernayaz.
Je me gare à l’arrêt Vernayaz du train Martigny – Chamonix et suis tout heureux de marcher car les 3°c en scooter m’ont refroidi les extrémités du corps. Je traverse Vernayaz, passe devant l’usine électrique puis longe un petit canal. Un pont me permet de franchir ce canal et je rentre dans une forêt bien jolie, la mousse prenant possession des lieux. Il y a une curiosité, une assez grande tour en pierre et en face des murs en pierres sèches. Je n’ai pas trouvé d’informations à son sujet (est-ce le réservoir de l’ancienne usine de traitement du bois du 19e siècle qui puisait son eau dans la Pissevache ?). Puis juste après j’arrive devant la cascade Pissevache.

Pissevache

Quel nom ! Si je reprends l’explication du Plateau de Millevaches (Limousin, France), vache signifie source dans une langue qui se perd forcément dans la nuit des temps. La cascade fait 116 m de haut, mais le débit a été réduit suite au pompage des usines hydroélectriques (voir ces anciennes photos). Il a même fallu que certains défendent cette cascade qui aurait disparu.
Pour la visiter de près, aussi bien rive gauche que droite, il faut passer outre une interdiction, suite à des chutes de pierres. Ce sera d’ailleurs le sport de la journée, j’ai dû transgresser six interdictions. Mais ça rajoute du piment ! Et puis mon côté latin me fait dire que c’est presque plaisant !
A proximité de la cascade, les rochers sont glissants car la bruine mouille le secteur. En hiver elle gèle (la bruine) et cela agrémente la cascade. La cascade est éclairée la nuit par un projecteur jaune.

Usine désaffectée de Pissevache

Je poursuis ma visite, après la rive droite, je vais à l’usine électrique de Miéville pour traverser La Salanfe et visiter la rive gauche. Je reviens sur mes pas et monte par les escaliers pour l’ancienne usine hydroélectrique. Cette usine est abandonnée, les escaliers y menant subissent les assauts des chutes de bloc rocheux. Il y a des filins pour protéger. Tout ceci pour dire que ça n’est pas un sentier. Les grimpeurs l’utilisent pour le secteur d’escalade de Pissevache, quoique ils descendent plutôt depuis Les Granges. Il faut monter une longue série d’escaliers qui longe un rail, le coeur se met à battre la chamade et les mollets chauffent. Il y a une section bien endommagée par la chutes de blocs, mais on passe. Puis deux tunnels que j’ai pu traverser sans frontale. Et j’arrive à l’ancienne usine hydroélectrique de Pissevache. Elle fut construite à la fin du 19e et est l’une des plus anciennes de Suisse et fut désaffectée en 1997. Un projet serait de le réhabiliter car elle produirait l’équivalent électrique de 1.5 éoliennes. Au sujet de l’usine, la plupart des portes sont ouvertes (ou plutôt défoncées) et on peut donc visiter les lieux.
Mise à jour du 2015-03-10 : la centrale de Vernayaz, à l’abandon depuis 1997, va redémarrer en 2016, après des travaux. Voir cette information. La montée à l’usine devient donc impossible.

La Salanfe

Ensuite il faut remonter des escaliers dans une rampe en béton puis passer sur un pont en bois. Il est complètement pourri et il a craqué (seulement le bruit) sous mon poids et la balustrade est du même acabit. Le mieux est de descendre (1m) dans le bassin en béton. Puis on longe un sentier avec balustrade en bois et arrivons sur le passage délicat de la course : le coude pour monter. Il faut prendre un virage au-dessus d’une falaise, mais à cet endroit la balustrade n’existe plus. C’est pentu et terreux. Ca n’est pas technique, mais la glissade est interdite (tiens j’ai quand même respecté une interdiction !). Ensuite le chemin est plus ou moins visible. C’est pentu et en forêt. Il y a une échelle sur la gauche, je l’ai prise puis voyant qu’il y avait trop de houx, je suis redescendu et poursuivi la montée d’abord pentue puis raide, je m’accrochais donc aux arbres, avec un peu d’exposition. Donc pas terrible, le mieux est de braver le houx !
On arrive devant un petit tronc d’arbre en guise de barrière d’interdiction, nous bravons une nouvelle fois l’interdit et on longe une petite falaise avec un sentier aménagé. Il y aura 4 tunnels dont au moins deux permettent de rentrer dans la galerie de la conduite d’eau forcée, sûrement abandonnée. Plus loin on rejoint la bifurcation pour le secteur de grimpe (cairn et suite du chemin avec des points rouges).

Marmites glacières

Plus haut on trouve les conduites d’eau qui sont à l’extérieures et arrivons aux Marmites Glacières (parfois écrit Glaciaires). Derrière une barrière se trouve plusieurs trous creusés par la roche. L’eau de fonte des glaciers entraine avec elle du gravier et lorsque elle tourbillonne (la vitesse peut aller jusqu’à 200 km/h), la rocher est forée par abrasion. Il y a 5-6 marmites de tailles assez grandes, la plupart contiennent de l’eau.
Tête des Crêtes est le sommet culminant du secteur (1047m), entouré de pins, du ciel bleu et du bruit de la cascade du Dailley (en patois daille signifie pin), on se croirait à Salvan-sur-mer ! De là on voit la cascade du Dailley, mais elle venait de basculer dans l’ombre. Mon envie de soleil étant plus grand qu’une remontée de ces gorges, je me suis résolu à annuler la visite. Gros chagrin. Mais je me suis montré très courageux et je n’ai pas pleuré !

Autres plans

Il m’a fallu chercher une autre idée et j’ai pensé visiter le Musée Marconi à Salvan. Une vérification sur le Net et il n’ouvre que les après-midi en été. Zut ! Et le plan suivant ? Il fait beau, assez chaud pour la saison, donc faisons une sieste, les mollets doivent aussi récupérer ! Cette noble tâche accomplie, l’idée est désormais de rejoindre Le Trétien.
Je file vers Les Granges, avec un joli passage en forêt pour éviter la ferme Le Savenay. En traversant le village, je découvre une pancarte (affiche textuelle A4) publicitaire pour un livre sur les Gorges du Dailley. Une grand-maman m’interpelle depuis le balcon, en haut et me demande si je veux le livre. Il coute 10.- CHF et je n’hésite pas. Elle m’invite chez elle et je crois qu’elle m’a raconté presque tout le contenu du livre. Il retrace l’histoire de la construction touristique des Gorges du Dailley. L’essor du tourisme a poussé Jean-Pierre Revaz a construit en 1895 les passerelles. Le prix de passage étant de 1.- CHF. Vers 1927, devenues non rentables, elles ne furent plus exploitées. En 1940-42, la construction de la route menant à Van-d’en-Bas obstrua les gorges en contrebas. Dis chef, ch’te fais quoi avec les gravas là ? Jette moi cela par d’su la route va ! A l’époque on se compliquait moins la vie ! Ainsi l’accès aux Gorges fut obstrué.
Ca n’est qu’en 1992, que des bénévoles de Granges s’unirent pour restaurer les galeries. Le travail fut fini en 1995. Puis des nouvelles installations furent aménagées en 11 ans, terminées en 2011.

Creux du Loup

En contourne Salvan par la forêt et un panneau Creux au Loup a titillé ma curiosité. Je l’emprunte, il monte assez fort au début, n’est pas indiqué sur la carte (il se situe sous Djue de la Combe). Ce passage en forêt est de toute beauté avec la mousse sur les rochers. Le détour est à faire. J’arrive au Creux du Loup (une ancienne enceinte dans la terre, en pierres). Je quitte les lieux, faudrait pas attirer la meute et avoir des ennuis avec les propriétaires canidés.

Gorges du Triège

Je passe le haut des Marecottes, en forêt et rejoins aisément la rivière Le Triège. Je passe le pont du Pt1245, puis remonte un peu pour descendre sur Le Léamont par un joli sentier. Vers 1140m il y a un croisement, à droite direct pour Le Trétien et à gauche un panneau Wild Association Sauvage. N’écoutant que mon instinct (le sentier passe près des gorges du Triège). J’arrive à une ferme, style Arche de Noé, fermée en cette saison et après avoir enjambé un grillage, je rejoins le chemin longeant les gorges. Il y a une bifurcation, en bas pour Le Trétien et à gauche, l’inconnu, mais des points bleus sur les arbres. Mon instinct, encore lui, m’a dit d’y aller. J’ai donc obéi ! Et surprise je tombe sur le haut du circuit touristique des Gorges du Triège. Il y a un panneau d’interdiction d’entrer (chute de pierres), j’ai pris cela pour une tendre invitation à la découverte ! Une grille en fer, dont la jeunesse locale s’est chargé de faire sauter le verrou et nous pouvons rentrer dans un tunnel avec en prime des boutons poussoirs pour déclencher les lampes. La classe ! Des grosses chutes de pierres ont sérieusement endommagé les escaliers en bois en contrebas, des filins de sécurité ont été posé en amont. Les Gorges du Triège ne sont donc plus praticables, excepté ce tunnel et un pont qui donne sur la prise d’eau (souriez il y a une webcam).
Pour une ancienne visite de ces gorges, voir les photos d’Alain Visinand en 2004.

Le Trétien

Il me reste à descente, heureux de cette découverte. In fine l’annulation de ma visite des Gorges du Dailley, m’a permis de bien belles découvertes. J’arrive au Trétien, traverse les rails, sans interdiction (limite déçu). Comme j’ai du temps avant le prochain train, je descends au village et recherche le four à pain, déjà visité lors de cette randonnée le long de la Route des Diligences. Puis je remonte pour prendre le train jusqu’à Vernayaz (13.20 CHF pour ceux qui n’ont pas d’AG CFF !), fatigué, mais heureux de ma journée.