Suisse | Vaud

C’est en regardant les liens de Philippe Noth que j’ai découvert le site d’Alain Visinand. Je découvre que nos randonnées se croisent dans le Jura (Colombey de Gex), puis il s’en va visiter la Haute-Savoie, ce que j’ai fait aussi. Je lui dois donc, en partie, l’inspiration pour le Roc d’Enfer et la Pointe Percée. Après quelques échanges par email, je propose de faire une randonnée commune, ma façon de faire le “J’Aime” de Facebook !
Nos agendas respectifs, nous permettaient seulement le dimanche après-midi. Et la randonnée se transforme en escalade au Miroir de l’Argentine. J’ai déjà eu l’occasion de venir au Miroir en septembre 2006. Avec Christian, nous avions pris un guide (500.- CHF pour les deux) pour faire la Directe. Les possibilités de se perdre dans ce terrain d’aventure sont grandes d’où le choix d’un guide.
Cette fois-ci, c’est la voie originale dite Y (de loin on voit dans le miroir une faille en forme de Y) et Alain est déjà monté une bonne vingtaine de fois ici.
L’idée est de démarrer à 13h30 de Solalex, débuter l’ascension à 15h00 (après équipement) pour sortir du miroir à 19h30, juste quand le soleil se couche. On fera le reste à la frontale. Timing donc osé, mais c’était le seul possible !
Nous partons ensemble depuis chez moi (Saint-Prex), ce qui permet de faire connaissance. A 15h, nous débutons l’escalade de la voie originale dite Y.
La première longueur est un échauffement des muscles. Le miroir est à l’ombre et dès le départ j’ai mis la softshell. La deuxième longueur contient un passage qui donne un peu du fil à retordre car patiné et les prises moyennes. Puis on arrive sur la grande vire pour une marche. La prochaine longueur contient un départ athlétique en devers, noté 5c+ (j’aime bien le ‘+’). Je déteste les devers, donc tire-clous pour lutter contre la pesanteur qui produit ses effets surtout dans ces moments.
Puis des jolies longueurs entre deux fissures. Peu après nous croisons une cordée de deux grimpeurs qui sont partis à 10h (il était 17h) et se sont perdus dans les nombreuses fissures du Miroir, ils voulaient faire l’Y aussi. L’orientation est un problème dans ce secteur. Ils redescendaient en rappel le miroir. Au passage, on m’avait raconté l’histoire d’une cordée qui pour le plaisir descendait aussi le Miroir en rappel, mais la corde s’est coincée dans un rocher. In fine ce fut appel à l’hélicoptère. Pour revenir à cette cordée, ils ont été très fair-play, car ils nous proposaient de nous laisser le meilleur relais (il y avait l’ancien et un nouveau plus solide). Comme le rappel sollicite plus le relais, Alain leur a laissé le plus solide. Peu après Alain repart et la corde se coince dans un rocher en contrebas, c’est le seul relais où nous n’avons pas avalé la corde ! In fine il a fallu descendre pour libérer la corde.
Le temps jouant contre nous, Alain a proposé de faire les longueurs suivantes, jusqu’à l’avant dernière, en corde tendue. Il m’explique le fonctionnement : il n’y aura pas de relais, il part en tête, je l’assure par le bas et dès que la corde est tendue, je grimpe. Puis nous progressons ensemble corde tendue (nous avons une corde à double de 50m). Ainsi 12 dégaines et 7 mousquetons furent utilisés, Alain ne passant pas la corde dans tous les spits. Nous progressons dans le pan incliné du Miroir et non plus dans une partie verticale, en cas de chute, il faut donc juste enrayer la glissade. Enfin, c’est la théorie, car je n’avais pas envie de tester !
La fissure qui est le bras droit de l’Y est confortable au début, puis elle se resserre au milieu où il faut mettre le pied droit dans la pente du Miroir, sur des gratons. Un brin de stress pour moi. Puis la fissure redevient agréable après.
On rejoint, à bout de quincaillerie, la voie Directe (passage en adhérence pure, sans prise), pour le relais de la dernière longueur.
Il reste cette dernière longueur qui se déguste tel un crème glacée, passage sous le ressaut terminal souvent humide et un peu patiné. Il ne faut pas venir buter contre ce ressaut, mais partir dans la face pour ensuite l’escalader. Nous sommes arrivés au relais final, à 18h30, 1h d’avance sur le timing, grâce à la progression en corde tendue.
Lors de ma première visite au Miroir, au relais terminal, il y avait une famille nombreuse d’edelweiss et je me réjouissais de les revoir. Déception, il n’y en avait plus. Par contre les couleurs devenaient fort belles, en cette fin de journée.
Puis nous enlevons notre équipement, remettons les chaussures de randonnées et partons par l’arête aérienne et parfois effilée pour la Haute Corde. Juste après notre départ, quelques edelweiss me font l’immense plaisir d’être là. Ahhh, que du bonheur !
L’arête effilée passée, quelques pas de descalade, une vire puis un couloir pentu nous amène à la Haute Corde. Nous profitons là des couleurs du coucher du soleil, moment intense et de toute beauté, récompense pour l’âme. Après ces instants, nous partons par un chemin de randonnée direction le Col de Poyerette. Quelques chamois, nous coupent la route et viennent nous observer depuis l’arête de la Haute Corde.
Peu après, nous mettons nos frontales, il est 20h. Il nous reste Poyerette à descendre. Pour résumé ce chemin est scabreux : pentu, terrain glissant soit par la poussière soit par l’humidité, déconseillé pour les familles, mais les grimpeurs devraient se sentir à l’aise. Le précipice est souvent au détour d’un virage qu’il vaut mieux ne pas rater. Sinon c’est le moyen le plus rapide pour rejoindre Solalex, nous sommes rentrés à 21h.
Merci Alain (plusieurs photos viennent de lui, cf le nom de l’auteur sur les photos) pour cette journée mémorable.