Suisse | Valais

Une journée annoncée ensoleillée avec des passages nuageux dans l’après-midi, donc pas la peine de faire un sommet pour avoir un panorama nuageux. C’est donc la cabane Saleina qui est élue. J’ai déjà eu l’occasion d’y aller deux fois (époque argentique) pour y dormir et ensuite traverser le plateau du Trient par le Col de Pline et filer en France via la cabane Albert Ier. Je ne connais donc que la montée pour cette cabane, ce sera donc l’occasion de découvrir la descente. L’accès à cette cabane est assez technique avec un passage de 250m avec chaine le long de dalles plus ou moins exposées. C’est aussi un aller-retour sur presque le même sentier, juste une petite variante sous la cabane. Je retrouve Evelyne et nous partons. L’idée était de se garer le plus haut possible, à La Prise d’eau de Saleina (1593m), lorsque au parking du plus bas, du Pt1330, un panneau d’interdiction de circuler tout neuf m’a stoppé. Je me suis surpris à vouloir respecter ce panneau, mon côté latin fut anesthésié. J’ai dû trop manger de Rösti dans la semaine ! A la cabane (voir aussi le site web de la cabane), nous avons appris qu’un éboulement a eu lieu le long de la route, d’où le panneau d’interdiction … mais on peut quand même monter jusqu’à la prise d’eau (où il y avait bien des voitures). On est bel et bien dans le Valais comme on l’aime. Des vrais latins !
Donc nous partons depuis le parking du Pt1330, n’ayant pas vu le panneau pédestre, nous avons suivi la route avant de nous rendre compte de notre erreur et mieux revenir sur nos pas. Le parcours Pt1330 – Prise d’eau de Saleina représente 30 min en plus, par un sentier joli. Il y a un passage avec un chaine, peu compliqué (mise en bouche de la suite) et un devers sablonneux un zeste exposé. On rejoint la Prise d’eau de Saleina et poursuivons à travers un chemin à travers des herbes pour arriver sur le bas de la moraine. On remonte ce sentier sur la moraine, fort joli où la vue sur le pan rocheux des Toules est superbe. Puis nous arrivons au début des hostilités : les 250m de chaines. Ce passage a été réaménagé depuis peu, lors de mes deux premières visites, il était côté bleu-blanc (T4) et depuis il est devenu rouge-blanc (T3) suite à la pose de marches en fers à béton. Cela fait assez Via Ferrata, mais simplifie la progression. Par temps de pluie ce passage doit être fort délicat et si vous avez des enfants, une corde servira … à rassurer les parents ! A l’aller je me suis dispensé des chaines, mais apprécié les marches. Au retour j’avais le souvenir que lors de l’inauguration de la nouvelle cabane en 1997, un des gardiens avait glissé dans ce secteur et ne devait son salut qu’à un sapin (plus quelques mois d’hopital). Donc au retour, sur quelques passages exposés, j’ai utilisé les chaines par sécurité. Sinon les prises de mains sur le rocher sont bonnes et nombreuses. Certes cette ferraille dénature la montagne, mais au niveau photographique cela donne des choses intéressantes. Bref de quoi alimenter les conversations à la cabane !
A la fin de cette partie rocheuse, on bascule dans une partie au N, humide avec des plantes hautes. Le terrain est un zeste gras. Il y a encore des pans de rochers avec des chaines, mais bien plus facile. On se retrouve au soleil sur le bas de Plan Monnay (Pt2031) où la vue s’ouvre sur les Alpes (Glacier de Boveire et Grand Combin). Plan Monnay est un chemin qui monte à travers des rhododendrons et des myrtilliers. C’est bien joli et la vue s’ouvre petit à petit sur le Glacier de Saleina et l’Aiguille d’Argentière. La cabane se fait visible, mais semble encore lointaine, perchée sur son promontoire. Plan Monnay se finit au lieu-dit La Gare (marqué sur un rocher, lieu de repos des porteurs de la première cabane).
De la belle vue sur le Glacier de Saleina. La glace de ce glacier fut exploitée au début du 20e siècle comme source du froid. En 1912, 220 wagons de glace furent extraits. Le glacier de Saleina fut exploité de manière plus ou moins régulière de 1863 à 1914. Entre 1866 et 1869, 967 tonnes de glace ont ainsi été extraites du glacier. Transportée par char jusqu’à Martigny, la galce y était transbordée dans le train. Chemin faisant, environ 40% de la marchandise retournait à l’état liquide (source Les Glaciers, Amédée Zryd).
Puis on monte dans la moraine (le GPS perd ses satellites dans ce passage), deux chemins à choix : celui de la moraine, sabloneux, pris à la montée ou celui des Clochers plus rocheux, pris à la descente. La vue sur les Clochers des Planereuses est bien joli, des grimpeurs y officiaient. La suite est un chemin plus doux, sauf les derniers 100m sous la cabane. On rejoint la cabane après environ 3h.
La vue sur le glacier de Saleina et L’Aiguille d’Argentière est la récompense de l’effort fourni. Nous marquons une longue pause à cette cabane, accueilli par un bol de tisane (tradition de cette cabane). Au sujet de cette cabane, pour y être venu trois fois, l’accueil y est toujours extraordinaire, étonnant pour une cabane du CAS ! Ce sont des bénévoles qui officient pendant une semaine et cela change tout. La cabane est spacieuse et confortable (même les toilettes !), accueil grandiose, la classe ! Cette semaine Francis (qui nous a fait visiter la cabane avec amour) et Madeleine Bonny, un couple de retraités étaient les gardiens et en descendant nous avons rencontré André Monnerat et Roland Gamper, tout aussi sympathiques. Bref grand moment de partage, la montagne comme on l’aime !
Après notre longue pause, il a bien fallu se résoudre à quitter ces lieux privilégiés. Descente prsque sur le même chemin, avec la petite variante du chemin des Clochers. En fin de journée l’ombre gagne du terrain dans ce parcours. Après moins de 2h30, nous étions de retour au parking du Pt1330, le coeur léger, chargé en émotions.