France | Haute-Savoie
  1. Refuge du Goûter
  2. Mont Blanc
  3. Nid d’Aigle

Refuge du Goûter

3h du matin, le refuge s’éveille. La nuit fut courte, mais la forme est là. Un petit-déjeuner plus tard, nous sommes dehors avec Alain. Il est 4h et nous partons à la frontale. En contrebas, les lumières de la ville, donnent un peu de profondeur dans ce monde nocturne. La veille il a neigé et environ 10cm de neige fraiche son présente. Cela change grandement la qualité de la course, car oh combien plus confortable qu’une course en neige dure. Nous adoptons, avec Alain, le rythme du pas du guide. Devant nous bien des cordées et avec leurs frontales, dans la nuit noire et étoilées, la distinction entre les étoiles et frontales est tenues. Émouvant ! La pente est agréable et nous progressons tranquillement avec nos bâtons.

Dôme du Goûter

Le replat du Dôme du Goûter est une formalité, une brève descente et nous repartons en montée. Les alpinistes forment des grappes de chenilles avec leur frontale. La pente se redresse et nous restons concentrés

Refuge Vallot

Nous arrivons au Refuge Vallot. Au loin, les toutes premières lueurs du soleil. C’est joli. Nous marquons une petite pause, le temps de grignoter et ajouter une couche de vêtement. Nous repartons et le brouillard nous enveloppe. Cela n’est pas prévu et je me dis que monter au Mont Blanc pour arriver dans la brume est rageant. L’espoir renait lorsque une trouée de ciel bleu apparait et ne cesse de grandir.

Arête des Bosses

Nous arrivons devant une crevasse fraichement créée suivie d’un pan à escalader. Les guides ont installé une corde fixe avec anneau, mais bien du monde à du mal à franchir ce passage et cela engendre un bouchon. Pas la peine de s’énerver, mais je marque mon territoire pour éviter de se faire doubler. Non mais ! La suite est sur l’Arête des Bosses, la partie la plus effilée de la course. Avec le réchauffement climatique, la crête est devenue plus étroite et c’est parfois effilé et la gamelle est interdite ici, surtout que la pente peut-être de 35°. Nous sommes heureux de la neige de la veille qui facilite la progression. Nous sortons de la brume, c’est beau.

Mont Blanc, 4810m

Plusieurs antécimes nous font croire que le sommet est rejoint, mais non, il faut poursuivre sur une arête effilée. Nous trouvons le soleil juste peu avant le sommet. Nous arrivons après 4h30 au sommet du Mont Blanc (4810m) qui offre une grande plateforme confortable. Il y a bien du monde et l’émotion est grande d’y arriver en plus avec le soleil. Nous restons 30 minutes au sommet, la brume en contrebas se dissipant de plus en plus et permettant de voir bien des sommets au loin donc les 4000m Suisses.

Descente

Après 30 minutes, ce fut dur de quitter ce sommet, le bonheur est grand d’être là haut, mais le chemin du retour est long, très long. Encore quelques photos pour fixer ces instants d’extase et nous rebroussons chemin. L’arête est toujours aussi effilée et il faut rester concentré, mais avec Alain, nous avons trouvé plus facile la descente que la montée.

Disneyland

Nous retrouvons le passage équipé de la chaine, suivi de la crevasse et ça bouchonne. Devant nous, un couple d’anglais s’y engage … et tout semble compliqué pour eux. Il leur faut 30 minutes pour passer bien difficilement ce passage. Plutôt que de s’énerver, étant juste derrière, je contemple cela avec grand amusement. Je sais, cela manque d’empathie, mais rester 30 minutes à l’ombre il faut bien s’occuper. Et le bouchon s’agrandit derrière. C’est le problème de cette voie normale surpeuplée de gens plus ou moins entrainés. Nous passons ce passage en 3 minutes et je me dépêche de doubler ces anglais, empêtrés dans leur corde.

Refuge Vallot

Nous retournons au refuge Vallot où nous marquons une pause pour reprendre des forces. Le ciel est bleu et c’est grandiose. J’en profite pour visiter cet abri. Il est sommaire … et l’intérieur est dégoutant.

Dôme du Goûter

La descente est désormais agréable et nous filons vers le Dôme du Goûter. Le détour fait une remontée de 40m, mais cela fait un 4000m de plus, gratuitement ! Nous filons tranquillement et passons devant la nouvelle cabane du Goûter. Nous allons directement à l’ancienne cabane du Goûter. Nous rangeons le matériel glaciaire et changeons d’habits.

Grand Couloir

La surprise fut de constater que la neige tombée la veille, qui nous a bien aidée pour le Mont Blanc est bien présente dans le haut du Grand Couloir (couloir du Goûter). Bigre la descente va être compliquée. Nous décidons de descendre sans s’équiper, la neige est fraiche, redoublant de vigilance et tenant fermement les chaines. La descente est de l’escalade en 3. Bien du monde s’assure avec une longe sur les chaines et cela crée des bouchons. Vers le milieu, nous retrouvons un terrain sec et arrivons à la traversée du Grand Couloir. Nous le passons comme la veille, l’un après l’autre, d’un bon pas, sans courir et surveillant les hauteurs. Nous arrivons de l’autre côté et 5 min après c’est une avalanche rocheuse. Comme la veille, c’est le Vietnam ! Décidément, ce couloir est bien dangereux.

Désert de Pierre Ronde

Mes genoux commencent à souffrir, mais le chemin est encore long. Nous traversons le glacier de Tête Rousse et il faut descendre encore une large arête rocheuse. Confortable, mais casse-pattes. Puis nous passons le Refuge Forestier des Rognes, croisons plusieurs jeunes bouquetins franchement peu farouches. Nous gardons un rythme soutenu, ne voulant pas rater le train de 16h. Le sentier progresse parmi les blocs rocheux, joli, mais la fatigue se fait bien sentir.

Nid d’Aigle

Nous finissons par rejoindre le terminus du train à crémaillère TMB au Nid d’Aigle et trouvons une foule de touristes. Cela fait bizarre de retrouver subitement un autre monde. Le trajet en train prend 1h, le train est bondé. Nous retrouvons à Saint-Gervain, d’autres alpinistes rencontrés la veille et trinquons à ce succès. Le 0.5l de panaché est descendu goulûment, après tout en 14h de randonnée, nous n’avons bu qu’1l ! Le Mont Blanc est un sommet mythique, le voilà réalisé. La principale difficulté est la montée au refuge du Goûter et l’arête des Bosses qui est effilée.