Suisse | Fribourg

Les affaires reprennent, beau soleil et le danger d’avalanche retombe sérieusement. Se pose le problème de où aller quand on peut presque aller partout. Je décide de retourner dans la Gruyère, aux Millets où j’avais l’occasion d’y aller l’année dernière, mais la sortir raquettes s’était transformée en randonnée pédestre, faute de neige. Je découvre un topo qui permet de suivre ensuite vers Pra de Cray, une pierre deux coups.
Le train me laisse à Lessoc, en fait à l’écart. Je ne comprends toujours pas ceux qui dessinent les lignes de trains et ont l’idée de rester à l’écart des villages (Je sais il y a la Sarine que tout romand évite de traverser !). J’arrive à Lessoc, comme je suis venu tôt, j’en profite pour une visite de l’église locale, plus jolie de l’extérieur que l’intérieur.
Il me faut marcher après Lessoc jusqu’à la ferme Petit Malessert (901m) qui me sert une nouvelle fois de dépôt puis je peux enfin mettre les skis. La température est froide, -6.5c. Je débute à travers champ puis retrouve assez vite la route que je suis longuement jusque peu après Chaudzerya (1290m). J’amorce la montée un peu pentue pour Les Plans, la neige est dure et je ne n’arrive pas à suivre les traces existantes. Je zigzague et une gamelle plus loin, je décide de mettre les couteaux qui ne me quitteront plus pour la montée. Après la ferme Les Plans qui offre un beau panorama, je poursuis par la montée de la combe. La neige dure m’a sérieusement compliqué la vie, la combe est pentue, mais je n’arrivais pas à suivre la ligne droite de mon prédécesseur, je devais donc aligner les conversions dans la pente sur neige dure : exercice d’équilibriste sur couteaux, usant pour les nerfs.
Avec soulagement j’arrive dans la pente pour le sommet du Pt1675 (Sommet E des Millets) qui est plus agréable (moins raide). Pt1675, c’est la fin pour les raquettes et je poursuis sur l’arête. Comme je l’avais déjà parcourue, je savais que porter les skis serait délicat, donc je poursuis en skis. Le piolet est conseillé pour ce parcours, selon les conditions, mais je n’en ai pas eu besoin.
J’ai pu faire presque l’intégrale en skis, mais c’est un parcours exigeant, on se prend facilement le sac dans les branches des arbres et il y a de nombreuses portions sportives et un peu aériennes. Seules deux courtes sections peu avant le sommet et le sommet lui-même ont dû être passées à pied. Pendant cette montée, une trouée me permet de voir l’arête pour Pra de Cray, de nombreuses coulées avec herbe apparente et aucune trace, me font comprendre que ce sommet ne sera pas réalisé aujourd’hui.
J’arrive avec un certain plaisir à la croix des Millets (Pt1857). Je poursuis un peu sur l’arête, à pied, pour me rendre compte que monter au sommet des Millets, Pt1886, serait impossible. Je reviens à la croix et m’assied pour la pause casse-croute, devant le spectacle des Alpes, préalpes et même le Jura bien visible (La Dôle et le Chasseral surtout). Derrière les Vanils. La vie est belle après tout ! Je fus surpris de ne voir personne dans le secteur. Après 1h, je me décide lentement à partir, dure la vie !
Les traces descendent dans la face O par un large couloir pentu (environ 45°c), le danger d’avalanche est à 1 et je décide de suivre ces traces. Belle neige poudreuse, sur un fond dur avec quelques boules gelées. Puis j’arrive au-dessus du Sex des Railles qui est une barre rocheuse, ah je ne l’avais pas vu ainsi sur la carte ! Je retrouve les traces de descente, mais le droit en bas devient trop pentu pour moi et je contourne la barre par la droite. Quelques belles pentes, un passage dans les jeunes arbres puis je cherche le passage pour Jora d’Avau (Pt1116) qui se trouve sur le premier ‘1’ de 1116 sur la carte. Il reste à contourner le bois par une ouverture (de jeunes arbres avant le portail), pour une petite remontée où je retrouve la route du matin au Pt950. Il suffit de se laisser descendre, en style printanier car la route n’est presque plus enneigée. Je retrouve mes affaires à la ferme Petit Malessert puis descends dans le pâturage faiblement enneigé pour arriver devant l’église où je déchausse. Il reste à retourner à pied à la gare.