Suisse | Valais

Vendredi en rentrant du travail, je passe chez Swisscom regler les détails de mon futur déménagement (prévu le 08 mai 2010) et je prends un nouveau téléphone (smartphone HTC Desire avec Android [basé sur Linux], concurrent de l’Iphone). Voilà donc comment je vais me coucher à seulement 23h ! Reveil (via la fonction reveil du smartphone !) à 4h du matin, bigre la nuit est un peu courte. Christian me prete sa voiture, je prends mon scooter jusqu’à Lausanne et file ensuite vers Ferret. Pendant le trajet, j’écoute la radio (via le smartphone vu que la radio de la voiture est HS) et j’entends que Florent Troillet, pour la PDG 2010, est en tête à Arolla avec 10mn d’avance.
Après La Fouly, je suis bloqué à Le Clou, un névé stoppant la progréssion (la voirie va dégager la route ce lundi 2010-04-26). Nous sommes plusieurs voitures, une dizaine, au départ. Je suis surpris de voir autant de monde ici, il y a donc du monde qui ne fait pas la PDG ! Il faut porter les skis pour ce début, mais peu longtemps, après on trouve un peu de neige avant Ferret, avec des passages sur l’herbe ou des déchaussages. Le regel nocturne est inexistant, +6°c à Le Clou, le foehn souffle, ça n’est pas bon !
Je passe Ferret, puis arrive au niveau du parking du printemps (juste avant l’Ars), encombré de reste de coupe d’arbre. Dans ce secteur je suis rejoint par un dénommé Joël, vice-président de la commune d’Orsières, équipé de Scarpa F1. Je lui demande ce qu’il fait là, avec un si beau équipement on devrait faire la PDG. Bon, il a déjà fait plusieurs fois la petite et la grande, voilà pour la carte de visite ! Dans un terrain caotique (coulées terreuses), nous cheminons en partie à pieds et voyons de loin trois personnes descendre (il est 08h00). Tiens des patrouilleurs perdus ? Que nenni, des randonneurs qui voulaient tenter le Golliat et vu les conditions de neige ont rebroussé chemin; cela s’annonce mal ! La neige est effectivement humide, sans regel nocturne, et à peine croutée.
On décide quand même de continuer, dans le vallon de La Chaux, la neige est quand même portante. Puis je vois Joël qui s’arrête, ouvre son sac et en sort un gros reflex (appareil photo), un Nikon D300, alors là je l’ai dans le baba ! Première fois (et sûrement dernière !) que je vois Trab/F1 sortir un reflex de ce calibre. Pour ceux qui ne connaissent pas cet appareil, c’est un appareil photo reflex semi-professionnel. Le rêve de bien des photographes amateurs, mais il faut mettre le prix (environ 2000.- CHF nu) et c’est un appareil gros (800g nu) et lourd. En hiver, je me contente de mon appareil compact (210g) à cause du poids et du volume. En été, je reprends mon reflex (Pentax K20d, 715g nu), mais je trouve la bête lourde. On continue à discuter, mais en arrivant vers Mont Percé, je le laisserai filer, je n’arrivais pas à le suivre et à faire mes photos en même temps ! Pour prendre une photo, j’aime bien m’arrêter et prendre le temps de cadrer, donc à chaque photo, Joël prend de l’avance. Je n’ai pas eu l’occasion de lui dire au revoir, zut !
Je traverse le pont du Pt1996, puis passe sous la ferme de Mont-Percé, on rentre dans le coude du vallon de Ban Darray. Le bas du vallon est à l’ombre, la neige est croutée portante. Je remonte ce vallon et arrive au soleil, la neige est déjà humide ! Au loin je vois Joël et plusieurs autres randonneurs qui montent pour le Grand Golliat, je suis désormais seul ! Dans les pentes plein S, je galère, les dévers sont en neige transformée lourde, et les skis glissent en aval. Je ressens que ma nuit a été courte, le coeur battant la chamade, bien que moins prononcé lors de ma randonnée au Mont de l’Etoile.
Comme il fait grand beau, je fais une pause maquillage, et je profite de la magnifique vue sur le Grand Golliat, ses trois dents sont superbes. Lors de ma précédente visite, il y a une année (2009), je n’avais pas pu le voir correctement. Je regarde en arrière vers les Monts Tellier, la brume est en train de descendre depuis l’Italie (Fenêtre d’en Haut) et que c’est beau … tant que nous le voyons de loin car bientôt je vais aussi y être dedans ! Devant le col du Ban Darray, est lui aussi brumeux, mais comme il y a du vent frais (tiens ça n’est plus le foehn), je me dis que cette brume va être chassée ! Que neni, me voilà sous le col, dans la brume, je ne vois plus le col, ou plutôt je le devine. Je suis une vieille trace, qui part assez sur la gauche (près des Aiguilles), puis remonte vers le col. Passage délicat, car pour arriver au col, il faut passer un mur dans une neige pourrie, mais qu’est qu’on s’amuse ici ;-) Pour le passer, c’est de la semi-escalade !
J’arrive au col et donc en Italie et je ne vois plus à 10m, j’ai le droit à une éclaircie (très brève) qui me remotive et je trouve une vieille trace que je remonte. J’arrive vers 2800 et une antécime rocheuse sera mon point d’arrêt (il est 11h, bon timing). J’ai le droit à des belles éclaircies et j’en profite pour prendres des photos côté Suisse, mais la Pointe Walker, se refuse à moi (j’ai pu la photographier en montant, brève éclaircie). Je m’installe, sur mes rochers, je mange, je me repose, je glande, bref le temps est long ! Je vais rester planté là 1h45 ! Si, si ! Je suis dans la brume, je suis venu ici pour voir la Pointe Walker des Grandes Jorasses, et je VEUX la voir ! Non mais. Pendant ce long temps de patience, je sors mon smartphone tout neuf, tiens je capte bien, contrairement au vallon de Ban Darray (aucun réseau). Au passage cela fait deux mois que je suis passé chez Swisscom et je vois une grande différence de qualité du réseau. C’est à peine plus cher, mais en montagne, ça vaut le coup. Donc j’en profite pour lire mes emails, faire des mises à jours ! Je trouve cela marrant d’être presque à 3000m et de lire ses emails ! Bon, c’est aussi que je trouvais le temps fracnhement long.
12h45, toujours dans la brume, je capitule, oh rage oh désespoir, point de Pointe Walker dans mon capteur :-( Je descends en suivant lentement mes traces de montées (on n’y voit pas à 20m) puis je reviens au col. Je remets les peaux, la neige est franchement transformée. Je remonte en direction de la Pointe des Combettes, par l’arête (frontière). La neige n’offre que peu de retenue, puis au premier tiers, je suis dans une belle pente et mon ski aval, glisse franchement vers le bas. Je prends peur. Le danger d’avalanche était à 1 au matin, et je devais passer avant 12h, donc je n’avais pas fait attention au danger l’après-midi (le soir j’ai su qu’il était à 3), mais je ne me sens plus en sécurité. Je déchausse, pour remonter à pied, au centre de l’arête, mais j’enfonce jusqu’aux hanches ! J’avance 10cm par 10cm, en tappant la neige avec mes genoux ! Je suis au 2/3 de l’arête et je fatigue et me dis que le sommet est encore trop loin. Je remets les skis, reste bien au centre de l’arête (confortable malgré tout), par une série de conversion très rapprochée et j’arrive enfin sous le sommet.
Et là, chose incroyable le ciel se déchire, la brume s’en va gentiement mais sûrement, yes, it is so wonderful. L’appareil photo reprend du service et j’ai ma Pointe Walker avec le Mont-Blanc, mangifique, sublime, … que du bonheur ! Après ma longue séance photo, je descends vers le vallon de La Peule, vu les coulées et la neige, je minimise la pente. Descente au début dans une neige transformée qui offre peu de retenue, on s’enfonce un peu dedans. Ne maitrisant pas cette neige, je descends par de grands virages. Puis je trouve une neige transformée plus conventionnelle qui me plait davantage. Je coupe par les pentes les plus douces. A un moment pour rejoindre, je vois un couloir, mais trop pentu vu les conditions et je coupe par la droite, le sommet d’un couloir et je declenche une petite coulée de neige humide. La pente est courte mais c’est pas rassurant. J’arrive ensuite tranquillement au bas du vallon de La Peule, un regard en arrière me fait apprécier la beauté du payasage.
Au Pt2025, je déchausse et remonte à pieds le chemin d’été déneigé. J’arrive à La Peule, joli point de vue. Je remets les skis et descends par le chemin d’été dans un joli couloir (attention, vers son milieu, il faut partir à gauche), puis en devers (vers le Pt1871), en passant bien des coulées chariant de la terre et des cailloux. On arrive dans bien que mal (j’ai encore déclenché une coulée mais j’étais dedans cette fois-ci !) au pont du Pt1775. On déchausse pour remonter jusqu’à la route puis ensuite une série de chaussage/déchaussage. Le cadre est magnifique et me fait apprécier ma journée malgré la neige pourrie.
En arrivant à Les Granges, je marche avec un couple de retraités (tiens des Vaudois installés dans la région !) et on discute avec un monsieur devant son châlet aux Granges. C’est là que j’apprends que la route sera dégagée lundi par la voirie, mais est-ce nécéssaire puisque le soleil s’en charge ?
Fin de la journée qui malgré le long passage brumeux, reste belle dans ma mémoire. Ah quelle est belle cette Pointe Walker ! Vu les conditions météorologiques, il se peut que ce soit ma dernière sortie en ski !
Le soir, j’ai appris que Florent Troillet a gagné la PDG 2010 avec son équipe, en 5h52’20”. Et puis sa soeur Marie a gagné la version féminine. Sacrée famille ! Pour finir avec la PDG 2010, voici la page de la TSR avec bien des vidéos dont celle live de l’arrivée (+1h) et un historique de la première patrouile de 1943 dont on peut voir le matériel d’une autre époque. Enfin cette superbe photo de la TSR (je pense à une pause lente + flash final), au départ sous le Cervin.