France | Haute-savoie

Lors de ma visite fin juillet 2011 au Roc d’Enfer, j’avais eu la brume pendant presque toute la balade. Cela laisse donc un goût de reviens-y. Cet automne est en demi teinte, un weekend sur deux de beaux. La semaine dernière, il avait même neigé à 1200m. Cela m’avait contraint encouragé à dépiler ma liste des jours de pluies, style nettoyage de printemps et cie pour l’appartement. Ca brillait tellement que je me demandais s’il ne fallait pas sortir les lunettes de soleil !
Donc je reviens au Roc d’Enfer, mais pour varier les plaisirs je pars depuis la station de ski Le Torchon, lieu dit La Chèvrerie, à côté du Lac de Vallon. Il y a un grand parking à disposition.
Je suis arrivé à La Chevrerie à 11h, mon Saint-Prex est en face de Thonon, mais il faut faire le tour du lac Léman pour y arriver. Passer par Genève ou Saint-Gingolph est identique pour le temps, mais plus sympathique par ce dernier. Un panne d’oreiller, m’a fait partir 1h plus tard que prévu.
Je monte par la route de 4×4 vers la ferme Lajoux. Là je rate l’embranchement du chemin pédestre. Je m’en rends compte peu avant le Pt1228 et par une route forestière tranquille, je rejoins le chemin au Pt1227. Là je retrouve le chemin, un peu gras. Ce chemin est parfois un peu pentu et j’arrive à l’alpage de Pététoz. La vue s’ouvre et le soleil me permet de quitter la softshell. Cet alpage est agréable et vers le haut, je rencontre les chasseurs montés en voiture. Ils viennent chasser le sanglier et chamois.
Par un sentier tranquille, longeant le Pâturage de Pététoz, j’arrive sous le Col de Vésinaz. J’avais envisagé du hors piste pour monter à Chalune et rejoindre la Pointe de Chalune. La carte IGN semble indiquer que c’est jouable, mais la carte Swisstopo (50’000) semble dire que non. Passant sous Chalune, je vois des couloirs possibles, mais dans le doute de ce qui m’attend en haut, je poursuis et sous le Col de Vésinaz, il y a un chemin qui monte entre le Pt1879 et la Pointe de Chalune. On se fait les muscles. Arrivant à ce col, la vue s’ouvre sur le massif du Mont-Blanc et le reste des Alpes, magnifique ! Le sentier officiel poursuis en devers, mais une autre sente monte sous la Pointe de Chalune. Je la suis, montée sportive, un zeste aérienne. Je bascule dans le versant S et poursuis au mieux ma progression. Je crois une famille de chèvre, avec un bouc bien impressionnant. Un droit en haut, me permet de rejoindre le chemin officiel (celui du Col de Chalune) et j’arrive à la Pointe de Chalune (2116m) où il y un peu de monde et beaucoup de crottes de bouquetins. La vue est superbe, laiteuse au fond.
Je descends pour le Col de Chalune, non sans observer l’arête entre Chalune et la Pointe de Chalune. Il semble fortement qu’un ressaut rocheux empêche de suivre l’arête. Avantage à la carte Swisstopo sur l’IGN (le contraire m’eut fortement étonné !).
Descente au Col de Chalune (1896m) puis Col de Foron (1832m) pour amorcer les choses sérieuses de la journée : l’arête de la Tête de Charseuvre. C’est le hors d’oeuvre de la journée. Jolie arête, plutôt facile. Puis il faut remonter la pente raide (pas vraiment un couloir, même presque) pour rejoindre un col et basculer dans la face N. Je mets le turbo car le temps joue contre moi. La vie se complique, on amorce les pentes déversantes, peu avant la chaine. Puis une montée le long de la chaine qui ne fut utilisée que pour l’enjamber (le rocher offre de bonnes prises). Une dernière montée me permet d’arriver à la Pointe de Haut Béne (2215m). Puis une descente pentue en zigzags me permet de rejoindre le pied de la plus grande difficulté : le passage exposé en devers. Je décide de le monter, non par le devers, mais le long de l’arête herbeuse, en comptant sur la bonne santé des touffes d’herbes. J’arrive en haut lorsque deux anglais arrivent dans l’autre sens et le premier passe par le devers. Moments de galère pour lui. Lors de ma première visite, j’avais emprunté ce devers, par terrain gras et cela avait été délicat. Donc tout content de mon droit-en-haut ! Une chaine serait la bienvenue ici (sinon il y a des spits)
Par un chemin entre arête, devers plus ou moins important j’arrive au Roc d’Enfer à 16h. Au Col de Foron, le temps indiqué est d’1h45 et j’ai mis 1h30. En général en France, les temps indiqués sont pour grand-pères asthmatiques, mais je fus surpris d’être tout juste dans le temps, pourtant j’avançais vite, avec juste des pauses photos.
Au Roc d’Enfer (2243m), je m’arrête, le temps d’avaler le casse-croute qui se faisait désirer depuis la Pointe de Chalune. La vue est superbe, des alpes bernoises (on voit au delà de l’Eiger), valaisannes (Dents du Midi) et bien sûr le Mont-Blanc et plus loin la chaine de Pointe Percée et cie. Derrière le Jura avec le stratus sur le Léman.
Ne voulant pas rentrer à la frontale, à 16h30, je reprends le chemin pour le dernier sommet (non côté, non nommé sur IGN) flanqué d’une croix. Puis le chemin descend, je prends l’option de rester au maximum sur l’arête. Par la suite, le chemin bascule dans le versant N, un peu gras. Le rocher est parfois patiné, donc des sections délicates. Avant d’arriver au col du Pt1992, le sol était parfois gelé. En arrivant au couloir La Cheminée (sans se fouler pour le nommage !), je fus soulagé de voir que ce couloir n’était pas enneigé.
Descente dans ce couloir, les bâtons furent bien utiles car le terrain est gras et pentu. Vers le milieu, il y a deux options, continuer dans le couloir (sente faible) ou remonter une pente (sente bien marquée). J’ai suivi cette dernière option, mais je l’ai regrettée. Montée délicate dans un rocher moyen, puis on bascule dans une sente pas en bon état (10m à passer) et en devers. La suite redevient des zigzags pentus, mais confortables (gras quand même !). Vu depuis le bas, continuer à descendre dans le couloir me parait mieux.
Ensuite j’arrive facilement au Col de Graydon. De là, le chemin normal descendrait vers la ferme de Grand Souvroz, mais j’avais repéré sur la carte la crête des Raies des Follys (aucun chemin indiqué). Depuis la descente du Roc d’Enfer, je scrutais cette arête pour voir si elle est praticable. Donc je file par la piste de ski et j’arrive au Pt1758 (pied de l’arête). Le jour décline, je commence à sentir une petite fatigue, mais lorsque j’arrive à ce point, je vois un chemin qui monte dans la face. Oublié la fatigue et j’ai une frontale pour rentrer ! C’est parti pour l’arête. Sente bien tracée et qui monte assez fort pour nous mener vers l’arête et souvent dans le flanc de coteau. Par contre c’est bien boisé et on voit le paysage à travers les trouées. Le sommet (1873m) des Raies des Follys et vite atteint, sans problème. Puis le chemin continue entre arête et flanc et se fait plus délicat car le flanc est parfois dans des devers important, mais le chemin est toujours bien tracé. Quelques passages un brin aérien, mais non comparable avec le Roc d’Enfer. Puis j’arrive au sommet du Pt1857, flanqué d’une croix en bois. Belle vue sur les alentours.
Puis descente à flanc de coteau pour rejoindre des pentes standards et ensuite une forêt d’aulnes. Ces passages parmi eux m’a posé des soucis, car difficile de les traverser et le terrain était gras. Je bascule pendant quelques instants dans la pente N, franchement grasse pour ne pas dire boueuse, puis je retrouve la piste peu après. J’arrive au col du Pt1659 où un chemin marqué me fait monter puis redescendre au Col des Follys, haut du téléski des Follys. Le soleil se couche, les couleurs sont superbes, je suis donc enchanté de mon choix de passer dans les hauteurs.
Il me reste à descendre par la piste de ski, peu passionnant sinon les couleurs du soleil, passer les chalets du Torchon. Vers 1400m, il y a un chalet éclairé, fort joli, où trois ânes patûrent et plus bas une fontaine bienfaitrice. Je poursuis par la route de 4×4/piste de ski, passe devant les vaches et rejoins aisément le parking de La Chèvrerie où les chasseurs redescendent en voiture. Sont-ils revenus brouicouilles ? (pour comprendre regarder ce sketch des Inconnus).
Je termine en disant que le Roc d’Enfer porte assez bien son nom. Son ancien nom était Mont Maudit ! Cela en dit long sur les accidents possibles et il y a en a toujours. Des panneaux au col du Pt1992 (au-dessus de la Cheminée) nous mettent en garde. Si vous doutez, pour vous faire la main les pieds, commencez par le Mont Billiat.