Suisse | Valais

Dents du Midi

Les Dents du Midi en Valais sont une modeste chaîne de montagne, mais facilement reconnaissable de loin par leur forme de dents acérées. On a découpé les sommets en 7 (Haute Cime, les Doigts, Dent Jaune, Eperon, Cathédrale, Forteresse, Cime de l’Est) , un peu factice car dans ce monde chaotique, on peut voir de multiples sommets.

Haute Cime

La Haute Cime est le plus haut sommet des Dents du Midi (3257m) et s’offre le luxe d’être accessible aux randonneurs. J’ai déjà eu l’occasion d’y aller, mais depuis Van d’en Haut (période argentique, non présente sur le site).

C’est un sommet qui se réalise en une journée, mais ce sera une grosse journée et il faut les muscles affûtés. Cela fait quand même plus de 2000m de dénivelé !

J’avais réalisé cette ascension en été et comme souvent les nuages avaient joués les caches panorama. Depuis des années je prévois ainsi une visite en automne, mais à 3200m la neige peut vite arriver. Aujourd’hui est le grand jour, il va falloir faire preuve de bravoure !

Bonavau

Comme je ne suis jamais passé entre la cabane de Susanfe et le col éponyme, je décide de monter par ce coté. Une route, normalement réservée aux bordiers (depuis le Pt1215, Champ de Barme), monte à un assez grand parking. La route n’est pas goudronnée. Se parking se remplit vite à la belle saison. Il permet de gagner 200m. J’ai déjà eu l’occasion de monter à la cabane de Susanfe depuis la route ou de passer au Pas d’Encel pour le refuge de la Vogealle.

Refuge de Bonavau

Je quitte le parking et un sentier s’enfonce en forêt. Pentu, quelques zigzags, mais joli et agréable. J’en sors dans l’alpage de Bonavau, un panneau m’informe du patou, mais en cette saison, moutons et canidé sont déjà descendus. Il y a plusieurs panneaux d’information sur la géologie (le long du parcours, jusque vers la montée du Pas d’Encel).

J’arrive au refuge de Bonavau tenu depuis 1997 par Christine, une française. Je m’arrête et babille avec elle. Gentille, mais peu encline à ce sport (ou alors je pose trop de questions !). Je poursuis, passe devant une ferme. La vue est dégagée sur le cirque de la Dent de Rossetan. Ce secteur est facilement à l’ombre et je marche d’un bon pas.

Pas d’Encel

J’arrive à la bifurcation du Pt1542, il faut monter à droite. Chemin plus alpin qui arrive sur les difficultés du Pas d’Encel : toute une série de pans rocheux à gravir, en général par des pas de II (on se sort les mains des poches !). Cela demande de l’attention, le calcaire offre de bien belles prises, mais est patiné. Il y a des chaines, pour aider. Je n’en ai pas eu besoin, mais pour avoir déjà parcouru ce passage par temps humide, elles sont fort utiles. Il y a aussi le cadre alpin avec le précipice tout proche.

Je rejoins le Pas d’Encel, un modeste panneau marque le lieu. Une descente permet d’arriver à Giétroz du fond. Il faut traverser La Soufla, le pont n’est pas présent. Comme le ruisseau est presque à sec, pas de soucis.

Cabane de Susanfe

On passe la prise d’eau et le chemin passe dans les hauteurs de Giétroz du Fond. On longe une paroi puis le chemin bifurque à gauche dans le large vallon de Susanfe. Le cadre est alpin avec des glaciers sous le Mont Ruan. Désormais c’est une marche tranquille. Je me réjouis d’arriver à la cabane et salive déjà à la soupe chaude. D’ailleurs je sens une bonne odeur.

J’arrive au niveau de la cabane de Susanfe, le soleil m’y accueille… mais elle est fermée, oh rage oh désespoir ! Je tente ma chance, la porte s’ouvre et c’est la cabane en mode hivernale. Deux jeunes dames dégustent un thé… dans la pénombre. Je profite d’un babillage et de visiter le dortoir et réfectoire. Toilettes fermées, on revient à des pratiques ancestrales.

Col de Susanfe

Je poursuis, le chemin est débonnaire. J’en profite pour visiter mon potentiel retour via l’arête des Lacs et ses échappatoires aux jumelles.

J’arrive sous le col de Susanfe, la pente se raidit et le terrain est minéral (et à l’ombre en cette saison). J’arrive au Col de Susanfe.

Bivouac de Susanfe

Sous le col, il y a un abri en forme de demi tonneau. J’ai envie de le visiter et coupe à travers la pente raide. Terrain dure, pente raide la descente est délicate. J’arrive au bivouac de Susanfe qui est endommagé.

Col des Paresseux

Je remonte, cette fois-ci pat le sentier, bien plus confortable, arrive à nouveau au col de Susanfe.

De là, je file par un sentier pierreux dans la face E. Le chemin est pentu et les muscles chauffent. Il y a certains passages où le chemin se dédouble et cela vaut une progression pas toujours agréable. Le sentier bifurque au niveau de la fin d’une barre rocheuse, on cherche la suite. Je finis par la retrouver. On poursuit dans la pente pour passer devant de jolis piliers rocheux inclinés.

Le sentier finit par arriver à une butte, suivi d’un replat. C’est le col des Paresseux, mais c’est quoi ce nom ? Le cadre est grandiose par contre.

Haute Cime

Je poursuis, le chemin est toujours pentu. Vers 3100m, après une traversée d’une mini faille, il y a bien des variantes et je m’égare : terrain raide, caillouteux et instable. Moment de solitude (au retour, je comprends mon erreur, il faut rester sur la sente le plus bas). Une dernière montée, le long d’un pan rocheux raide et j’arrive au sommet de la Haute Cime.

L’espace vital est faible, mais quelle vue, c’est du 360°. Magnifique. Je vais à la croix, plantée sur un rocher qui domine le vide, ma sensation de vertige monte en flèche. Je reviens sur mes pas et fait ma pause ailleurs.

Col des Paresseux

Je descends et apprécie mon bâton, le terrain est raide au début. Au col des Paresseux, j’hésite mais je m’engage pour la variante de l’arête des lacs. La montée à la Haute Cime est cotée T3, la variante par l’Arête des Lacs est plutôt du T6. Il n’y a pas d’échappatoire.

Arête des Lacs

Je passe dans un pierrier, il y a une faible sente. On passe sous une barre rocheuse pour traverser un nouveau pierrier en dévers. Je suis heureux d’avoir une faible sente, cela permet de poser son pied avec un minimum de confort dans la pente. Je rejointe l’Arête des Lacs qui est plutôt une croupe, des plus confortables

Passage clé

La croupe est très confortable et je découvre en contrebas le lac d’Anthème et sa couleur turquoise. Magnifique. Puis la croupe devient un bref instant plus étroite pour déboucher sur le passage clé : des pas d’escalade pour franchir un ressaut. Je me lance dans l’escalade (du 3) et passé les premiers pas, j’ai trouvé difficile de me relever (position un peu en dévers et espace vital faible, moment de solitude) pour partir ensuite sur la droite (versant N).  Là un piton existe, mais l’escalade est du II (par contre c’est exposé). Il faut franchir ensuite une faille, j’hésite à sauter, mais Sagesse me regarde de travers. Alors je désescalade (encore un piton).

Dent de la Chaux

Puis je retrouve une croupe confortable et la vue sur le Pente du Lacs. J’arrive sans soucis au sommet de la Dent de la Chaux, marqué par un cairn. Je poursuis par l’arête qui devient parfois raide, pour mieux revenir en contrebas par un pierrier. J’aurai pu couper directement, mais on est toujours plus intelligent après ! Je rejoins un semblant de croupe du pierrier et joie et émerveillement il y a une faible sente. La c’est un moment de grand bonheur de descendre ce pierrier droit en bas, chaque foulée est amortie par le glissement des pierres. Comme j’aime. Je descends goulûment dans ce pierrier, telle une dégustation de crème glacée en été.

Cabane de Susanfe

En quittant le pierrier, je rejoins une sorte de pâturage, le chemin s’évapore. Je progresse à vue, tiens je vois même deux cairns. Mais il n’y a pas de difficulté, juste des mini-barres rocheuses qui se contournent sans soucis. La descente se poursuit pour finir sur le chemin de l’aller. Je retrouve la cabane de Susanfe.

Bonavau

Je marque une courte pause et poursuis, je retrouve l’ombre du matin. Passe le Pas d’Encel, puis les passages rocheux avec des chaines. Je passe devant le refuge de Bonavau, mon timing ne me permet plus de pause, j’accélère le pas pour la descente en forêt. Après 9h, je suis de retour à la voiture, avec une fatigue.

Variante

Pour éviter l’escalade de l’Arête de Lacs, il faut revenir par le chemin de la montée, on reste ainsi sur du T3. Lors de ma montée depuis Van d’en Haut, j’avais aussi mis 9h, avec là aussi un bon rythme.