Suisse | Vaud

Lors d’une randonnée en 2009, j’étais parti pour faire la Cape au Moine depuis le Col de Jaman (il y a aussi une Cape au Moine, aux Diablerets) et j’avais fini sur une antécime de Corbé. Le lendemain, j’étais revenu pour faire la Cape au Moine.
Lors de cette première visite à Coursis, j’y avais rencontré un homme qui m’énonçait la possibilité de monter à la Cape au Moine depuis sa face E, pentue. Une recherche Google me ramène des choses plus intéressantes : l’arête de Coursis à la Cape au Moine ! Ce topo est malheureusement en allemand et la traduction éclaire autant que ma frontale. Donc on verra sur place !
Je fais un avertissement (c’est rare !), cette randonnée est du T6 engagé, pentes herbeuses soutenues, sections en devers important, passages d’escalade en 3 et parcours d’arête (presque le plus facile !). De plus des passages délicats sont au N, en conséquence attendre les conditions météo idéales.
Je pars depuis le Col de Jaman (la revue du CAS, Les Alpes parle du chardon bleu du Haut Léman (PDF)) vers 10h45 (le restaurant Le Manoïre au Col de Jaman vient de fermer définitivement), mon oreiller ne voulant pas me libérer plus tôt ! Départ en douceur, le long d’une route, puis visite de l’extérieur de la cabane de Jaman qu’il est possible de réserver. Je rejoins la route. Puis j’emprunte dans la pente de la face S des Coursis, le chemin qui s’évapore très vite (merci les vaches) et je marche à vue d’un pas tranquille. Vers le haut je retrouve le chemin et arrive au sommet Sud de Coursis (Pt1689 sur la carte). Belle vue sur le Col de Jaman.
Puis je remonte direction NNE, d’abord par le flanc pentu des Coursis, puis en rejoignant l’arête, il y a un passage sur le fil de l’arête. Ce premier court passage est un amuse-gueule du copieux menu qui nous attend !
J’arrive au sommet N de Coursis (Pt1864), je m’accorde une pause. J’avais pris mon piolet pour les pentes herbeuses au lieu de mes bâtons, mais en regardant la pente, je ne l’ai pas sorti et il me fut inutile de toute la balade (les bâtons seraient aussi inutiles).
Le départ des hostilités se fait dans la pente NNO, il y a un relais et plus bas une main courante (je pense de l’époque de la construction des paravalanches). Puis il faut rester dans la pente soutenue et ne pas filer vers l’arête qui débouche sur une barre rocheuse infranchissable. J’ai donc visité le pays ! Une vire sous cette barre nous permet de revenir vers l’arête que nous longeons plus ou moins. L’inconvénient, c’est qu’il a parfois des arbres qui gênent la progression. C’est plus ou moins aérien.
J’arrive au sommet suivant (sans cotation) et je trouve la suite bien pentue ! Je tente un passage par le flanc O (devers soutenu) en vain. Je remonte au sommet et m’engage dans ce terrain herbeux pentu. Je le descends (comme d’autres sections) en m’asseyant sur l’herbe, cela permet de repartir mon poids et de chercher des appuis plus bas. Il y a un relais dans cette pente. Je remonte pour trouver au sommet suivant, une pente du même calibre. En bas de cette pente j’arrive à la section qui me donna le plus de fil à retordre : descalade en 3c (pour ne pas dire 4a !). J’ai hésité un instant, puis je me lance (bon, c’est une image là !), les prises étant saines. Je n’ai pas vu de spit pour l’assurage.
Plus loin il faut lutter avec un arbre dont les branches gênent bien. Si le guide fribourgeois, coupeur de croix aux Merlas, pourrait venir plutôt se défouler avec sa scie ici, la terre entière lui serait reconnaissante ad vita eternam !
Puis une série de montées/descentes sur l’arête plus ou moins effilée avec parfois encore des arbres et j’arrive au pied de Corbé qui se dresse telle une muraille devant nous, impressionnant ! Ce fut le deuxième gros morceau de la journée et j’ai eu des difficultés à trouver le passage. Je me lance dans le flanc O, ça devient pentu, mais faut-il continuer par le haut ou filer dans le devers qui devient de plus en plus escarpé ? Les nombreux passages des bouquetins ou chamois (que de crottes sur tout ce parcours) ne facilitant pas la lecture du chemin. Il y a deux pas où j’ai dû compter seulement sur la bonne adhérence de mes chaussures Vibram, stressant. Puis des pas de II me permettent de rejoindre le sommet de Corbé (1898 m).
Corbé est une chaine de trois sommets (Pt1898, Pt1845 et Pt173) qui s’appelait Trident à une époque. Après le sommet de Corbé, de nouveau une section en pente herbeuse soutenue qui me permet de remonter au sommet suivant. Là je cherche un passage, mais ça devient trop chaud de continuer tout droit. Je cherche un moment, mais mon instinct de survie me dit d’aller voir ailleurs, ce que j’ai fait ! J’ai donc basculé dans le flanc O, par un couloir pentu (je sais tout est pentu dans le coin !), au-dessus d’un paravalanche (filet d’acier). Puis par un devers soutenu dont je remercie les chamois pour la trace, je reviens sur l’arête, non sans une pente herbeuse/rocheuse soutenue à descendre (ça devient lassant de toujours dire la même chose !).
Le sommet avant la Cape au Moine, je l’ai évité par le flanc O, par des pas de II, l’arête étant pour des grimpeurs encordés. Puis j’arrive sans difficultés à la Cape au Moine (14h35) où je m’accorde une pause casse-croûte.
La météo se voile un peu sur les Alpes autour du Léman, mais le secteur bernois est beau.
1h plus tard, je descends par le chemin de la voie normale. Un passage dans un devers qui a dû en impressionné plus d’un. Puis descente (il y avait une chaine lors de mon passage précédent, disparue) par une pente un peu raide, mais courte, me permet d’arriver au Col du Pt1860.
De là je décide de suivre l’arête qui mène au Pila. Pour résumer : arête avec des petites sections effilées, des passages en I/II et escalades en 3 dont certaines prises ne tiennent pas. J’arrive ainsi à Le Pila (1862 m). Je poursuis par l’arête (passages en II) et au dernier sommet, je descends par un couloir pentu, fin du parcours d’arête.
En devers je rejoins le Col du Pt1860 (Col de Pierra Perchia ?). Un sentier débonnaire me permet de filer vers le Col de Jaman. Mais j’avais vu qu’il existait des cavités et je suis parti à la recherche de la Grotte de l’Alliex aux Verraux (position). Descente à travers les paravalanches en pierres (pente soutenue) pour chercher, chercher et ne rien trouver (d’autres ont eu plus de succès). Du coup je suis remonté vers le chemin et la deuxième cavité, vu la pente et mon insuccès passa à la trappe (position).
Il me restait à suivre ce chemin, visiter la petite cabane du Corbex (notez le ‘x’), ouverte et retrouver mon litre d’eau de réserve à mon scooter (18h), j’étais tenaillé par la soif depuis la Cape au Moine. Il m’a fallu deux jours pour que mes muscles (cuisses, pectoraux) retrouvent de leur superbe, éprouvante la randonnée !