Suisse | Valais

Pour ce samedi, Evelyne se manifeste avec des envie de monter à la cabane d’Orny. Tant qu’à faire autant poursuivre jusqu’à la cabane du Trient, ce qui fait deux cabanes pour le prix d’une. Surtout que celle de Trient est une porte ouverte au monde glaciaire avec le glacier du Trient parcourue par de nombreuses cordées. C’est donc la troisième fois que je viens ici, après l’adolescence puis un retour aux souvenirs en 2006.
La météo annonce une belle journée, surtout l’après-midi. Le matin au départ de Morges, le ciel cristallin est annonciateur d’une journée exceptionnelle. Nous prenons le télésiège de Champex, aller simple car la descente est prévue par le col de La Breya (12.- CHF, sinon 18.- CHF l’A/R, pas de réduction possible) et profitons de la belle vue sur la plaine du Rhône, même si des nuages trainent vers les alpes pénines.
Les rhododendrons sont en fleurs et rendent les lieux charmants. Le chemin pour Orny, part en pente douce, mais il sera presque plat le long de la Combe d’Orny. C’est un chemin très esthétique arraché à la pente qui permet la progression qu’en file indienne. Il est un zeste aérien, protégés par de nombreuses chaines qui techniquement ne sont pas utiles, mais rassureront les personnes fortement sensibles au vide. Ce cheminement est une introduction au monde alpin, le rocher parfois aux couleurs rosées contrastent avec le vert des quelques pins. Nous rattrapons un groupe, dont le guide imprime leur célèbre pas. Qu’il est agréable de voir la montagne parcourue par ces hommes bien chargés, piolet pointé vers le ciel et crampons sur le sac. On pourrait mentionner quand même que certains semblent oublier l’utilité du savon et que seul le bouc arrive à leur faire concurrence ! Je crois que nous fumes les seuls de la journée à ne pas porter ce genre de quincaillerie, touristes que nous sommes !
Le sentier quitte le devers pour rejoindre au Pt2464, le chemin montant directement de Champex. On se retrouve sur un plateau humide, source du Torrent du Darbellay. Le ciel se fait de plus en plus gris, mais nous faisons confiance aux météorologues !
Une montée le long de la paroi, nous permet de rejoindre la moraine du Glacier d’Orny. La vue s’ouvre, mais le ciel se ferme. Une dernière montée sous l’oeil imperturbable du bouquetin local … en bronze, nous permet d’arriver à la cabane d’Orny. Nous marquons une petite pause, en profitons pour réajuster les vêtements (11°c) et partons pour la cabane du Trient. Le chemin est côté bleu-blanc, mais je le trouve presque plus facile que celui de La Breya.
La veille j’avais téléphoné à la cabane du Trient pour connaitre l’état neigeux du chemin. Ce dernier longe le glacier d’Orny et passe en face du Portalet où son glacier est synonyme du réchauffement climatique et quelques pierres tombent, bien que pas autant que ma visite en fin d’été 2006 où ça canardait fort ! Le chemin se fait plus minéral et il faut traverser des pierriers avec la danse sur cailloux associée. Quelques névés viennent mettre un peu de blanc dans cette section, mais le ciel, bouché, s’en était déjà chargé ! Plusieurs cordées montent par le glacier d’Orny.
Vers 3000m, le chemin monte fort et a été remodelé pour passer beaucoup plus dans les rochers. L’ancien, toujours visible, était trop terreux. Evelyne ressent l’effet de l’altitude, le souffle se fait court et les muscles se tendent. Il y a deux passages avec des cordes usées, une dernière traversée d’un couloir, pour arriver à un col. Le glacier du Trient se dévoile, trop faiblement vu la météo ! Nous filons vers la cabane juste au-dessus et trouvons de la chaleur (8°c dehors) dans le nouveau réfectoire.
Nous marquons une longue pause casse-croute, espérant que la météo se conforme aux prévisions ! J’en profite pour une visite complète de la cabane.
La technologie étant passée par là, mais pas les ondes GSM, nous partons sur la crête de la Pointe d’Orny pour les retrouver, une éclaircie nous faisant miroiter d’aller au sommet. Puis l’éclaircie disparue nous redescendons. Juste sous la cabane, une nouvelle pause pour en attendre une et voir ainsi en partie l’Aiguille du Tour.
Descente par le même chemin où nous croisons du monde, mais le gros des troupes monte par le glacier d’Orny. De retour vers la cabane d’Orny, c’est l’affluence sous les Aiguilles d’Arpettes, limite à prendre son ticket ! Nous filons vers le lac d’Orny lorsque Evelyne s’aperçoit de la perte de ses lunettes solaires. Remontée jusqu’à la cabane Orny, en vain.
Au bas du lac d’Orny, il y a un autel avec des statues dont la beauté est inversement proportionnelle à celle de la création. Seule la foudre devrait s’arrêter ici ! Juste après, il y a les ruines (fondations) de l’ancienne cabane d’Orny fort petite.
Puis descente jusqu’au Pt2464 pour bifurquer vers le Col de la Breya. Départ sportif (pentu) dans un terrain caillouteux, puis en montée plus douce à flanc de coteau. Ce sentier est magnifique, la vue est superbe, surtout que la météo se dégage enfin, mais il est escarpé ! Un passage dans un trou de rocher, une descente pour mieux remonter, nous permettent d’arriver au Col de la Breya (2401m). La vue s’ouvre à nouveau, le Catogne, Dents du Midi et Pierre Avoi. Superbe, sauf que le chemin est construit par la célèbre entreprise Zig&Zag qui ont opté pour la solution la plus droit-en-bas ! Cette descente est raide, demande de l’attention pour bien poser ses pieds sur les cailloux et non la terre et enfin longue pour rejoindre un pierrier dans le Creux de la Breya. Un chamois nous fait le plaisir de traverser ces lieux.
Puis on rentre dans la forêt du Revers de l’Arpette, véritable jardin alpin avec ses mélèzes et rhododendrons en fleur. Quel plaisir pour les yeux ! Au Pt2090, à quelques mètres du chemin, il y a une source d’eau, dont le gargouillis nous a attiré tel une abeille vers les fleurs. On descend ce beau sentier, parfois au milieu du ruisseau pour rejoindre, le haut d’Arpille. Un lièvre bondit pour détaler devant nos yeux émerveillés, ce spectacle étant rare. Puis il reste à suivre la route forestière depuis le Pt1702 pour retrouver la route goudronnée qui officie aussi de piste de ski. Cela casse les jambes (ou ce qu’il en reste !) mais c’est la solution la plus courte pour retrouver le parking.