Suisse | Valais

La veille nous sommes montés à la cabane Bordier avec Christian, pour faire le Balfrin. A 02h30 le gardien passe dans le dortoir pour nous secouer les puces, mais comme il y avait déjà plusieurs natels qui avaient sonnés, la nuit fut vite finie. Enfin nuit est un terme exagéré en cabane, car autre la promiscuité, le coeur bat la chamade et l’impression de passer une nuit blanche. Pourtant au réveil, la forme est là, quoique au radar vu l’heure fort matinale !
Après le déjeuner dont on essaye de remplir au maximum l’estomac et de boire du thé (au pire du Lipton, dans un meilleur cas du thé que je ne souhaiterais pas acheter) ou café, nous partons avec nos frontales à 03h45. Et là nous avons l’agréable surprise de découvrir le chemin parsemé de catadioptre qui avait la frontale se voient loin à la ronde. Que du bonheur ! C’est le gardien (Pius Schnidrig) qui a installé ces pastilles.
Après un long cheminement, nous arrivons sur le glacier, la température baisse subitement. Nous nous encordons et partons sur le glacier, direction les séracs. Ce passage est impressionnant, les séracs sont gros, mais vu le monde la trace est belle, il suffit de la suivre. J’étais en tête pour ce passage et ce danger objectif bien défini me plait bien : les séracs sont bien visibles, il suffit de rester vigilant et ça passe.
Ensuite nous arrivons sur le replat du glacier et avons suivi la trace jusqu’à nous rendre compte qu’elle allait en direction du Nadelhorn, sur la droite alors que pour le Balfrin il faut aller sur la gauche. Du coup nous avons quitté la droite, en traçant. Pendant notre avancée, nous avons chacun mis une ou plusieurs fois le pied à travers la neige, pourtant le secteur est en pente douce : la tension augmente. Puis surtout nous avons entendu un bruit sourd sous nos pas et là, nous avons détalé comme des lapins, tant pis pour la corde tendue. Plusieurs jours après, nous avons demandé à un guide, une explication de ce phénomène, ce serait la compression des plaques de glaces, pas dangereux donc. Sauf que nous ne le savions pas et donc retrouver le rocher fut notre plus grand soulagement !
Le rocher fut atteint vers 06h45, c’est aussi le lever de soleil. On marque une pause, d’abord pour reprendre les esprits, enlever la corde et profiter des belles couleurs sur le Nadelhorn et cie. Superbe.
La suite du programme est la montée dans les cailloux pour le Balfrin, montée tranquille. Le sommet est atteint facilement, un gros cairn marque l’emplacement. De là la vue englobe de nombreux 4000m. Puis nous continuons sur la crête, mais avec de nombreuses manipulations de corde : pour le rocher on se désencorde alors que les portions à flanc de crête enneigée on s’encorde.
Nous arrivons à une sorte de sommet/plateau marqué d’un cairn (sommet du Gross Bigerhorn, 3626m) et poursuivons sur la crête. Il y a un passage qui nous a donné du fil à retordre : les derniers mètres pour monter au sommet du Gross Bigerhorn. Devant nous c’est un amas de rochers peu engageant, sur la droite c’est en escalade et sur la gauche c’est fort pentu. Oû faut-il passer ? Après bien des hésitations, j’ai tenté l’amas de rocher de la crête, en adhérence ça passait assez bien. Christian a pris l’option de descendre la forte pente pour mieux la remonter et nous arrivons au sommet Gross Bigerhorn. Je n’ai pas pris de photo de ce passage (sauf Christian en train de remonter, voir cette photo). Là il y a une esplanade et nous marquons une pause. La vue sur les séracs du matin est impressionnante. Je profite de la place pour une “sieste”, se coucher et profiter un instant du soleil généreux. Nous rangeons notre matériel glaciaire et descendons vers la cabane.
Le départ de cette descente est pentue, sous le sommet Gross Bigerhorn, dans un champ de pierres. Je mets la pédale douce, pensant à mes genoux. Christian est plus en forme et me distance. Après une longue marche qui parait interminable, nous rejoignons la cabane Bordier. Ah quel plaisir de la retrouver et de se poser (pauser devrais-je dire !). Une assiette de Rötchis (une deuxième aurait bien passé) pour reprendre des forces. Nous profitons de ce moment avec le gardien, Pius Schnidrig. C’est un guide qui suite à une opération des genoux (vous prendrez bien un peu de ferraille ?), assume le gardiennage pour s’occuper. Il parle le français et nous avons un échange fort sympathique avec lui. Par fois je râle de l’accueil pas terribles des cabanes du CAS, ici c’est le contraire. Détail que je retiens, pendant que nous discutions, Pius sniffait le tabac, ie il prend du tabac à rouler et se le met dans les narines ! Je n’avais jamais vu cela. Je m’attendais à voir des brins tomber, ce qui m’aurait bien amusé, mais non !
En montant nous avions pensé rester à la cabane pour faire le lendemain le Nadelhorn, mais la cabane était plus que pleine (réfectoire transformé en dortoir) et l’expérience du matin sur le glacier nous avait refroidit. Ainsi nous sommes descendus à Grasenried, par le chemin de la montée (une variante juste avant le village). La descente est longue, cela fait 2000m de dénivelé depuis le Balfrin et cela s’en ressent dans les genoux. Mon rythme fut donc adapté à la situation.
L’arrivée dans le village de Grachen est superbe, c’est un endroit charmant avec ses chalets authentiques et ses champs sont bien entretenus.