Suisse | Valais

Christian m’avait devancé en venant quelques jours plus tôt dans Binntal et avait pu discuter avec l’hôtelier de Binn (Binn a un hôtel et une pension) qui est aussi guide. Le guide (Hanspeter Berchtold) lui a proposé ses services pour l’Offenhorn et ensuite j’ai donné mon consentement. Au passage l’hôtel est un peu cher (110.- CHF) pour un confort simple, car l’hôtel est historique. Par contre les Haut-valaisans on un sens de l’accueil bien développé dont les bernois feraient bien de s’inspirer. Ce sommet est mentionné dans le livre de Jürg von Känel, Plaisir Alpin, qui mentionne des courses accessibles en se passant de guide. La réalité est que cela a amené bien des gens vers les guides car leurs services restent précieux. Nous avons déjà puisé plusieurs courses dans ce livre, fiers de les avoir menées par nous-mêmes. Je fus donc surpris du choix du guide !
On se lève tôt et partons avec le guide dans sa voiture. Après le camping de Fäld, la route est interdite à la circulation, mais le guide a une dérogation. Nous montons jusqu’au Pt1979 de la route et à 6h15 nous partons en empruntant le chemin de la cabane Mittlebärghutte que nous quittons vers 2200m pour filer vers le glacier du Tälligletscher via le lac du Pt2578 qui dans la réalité n’est plus un lac, mais un delta.
Nous arrivons au pied du glacier et le soleil aussi, belle synchronisation ! On s’équipe et montant ce glacier doux et non crevassé. Je me demande toujours pourquoi avoir pris un guide ! Une partie rocheuse et nous arrivons au Hohsandjoch (2901m). Une courte descente raide sur un terrain sablonneux, nous fait basculer en Italie et prend pied sur le glacier de Ghiacciaio del Sabbione, vaste étendu glaciaire. Le glacier est à peine plus pentu, les crevasses peu fréquentes et petites. Mais pourquoi un guide, me dis-je ?
Puis nous arrivons au passage clef de la route, la pente à 35° (37° selon le guide) qu’il faut remonter droit-en-haut, mais vu la fin de saison, elle était en bonne partie en glace vive. Et cela change tout. En neige, cela aurait été une simple formalité, les crampons et piolets s’enfonçant correctement, mais la glace, niet ! Avec Christian, nous ne maitrisons pas cela et sans guide je crois qu’on aurait fait demi-tour ! Tiens le choix du guide prend une toute autre tournure ! Le guide monte et nous assure depuis le haut et en pointes avant des crampons, nous passons ce passage.
La suite est une série de rochers (en gardant les crampons) et de glacier, bien souvent en glace vive, mais en pente raisonnable. La dernière partie, 70m, on enlève les crampons pour la pente finale et arrivons au sommet de l’Ofenhorn (3235.3m) ou Punta d’Arbola puisque ce sommet est à la frontière. Mais la vue est tout simplement exceptionnelle, c’est rare que je dise cela, mais la vue ratisse large (360°) avec le sentiment de dominer les 4000m. Le massif des 4000m de Saas-Fee/Zermatt saute aux yeux et fait un gros bloc. En face les 4000m frontière Valais/Berne et au fond le Glacier du Rhône. Derrière l’Italie et le Tessin ! Tout au fond les Dents du Midi qui semblent reléguées en catégorie junior ! Exceptionnel et en plus nous avons une météo magnifique.
Après 1h30 de pause, il faut bien penser à descendre, on rebrousse chemin. J’étais le dernier de la cordée (pour prendre les photos), mais à la descente je deviens premier et le guide n’aime pas mes pauses photographiques (à la montée, il ne me voyait pas, donc j’ai du être discret). Puis on retrouve notre passage à 35°. Vu d’en haut, je l’ai trouvé moins impressionnant, mais une fois dedans, en prise avec la glace vive, cela m’a bien stressé (un début de grulette). Ce que nous avons descendu en 5 min, le guide l’a fait en 30 sec, la différence étant l’expérience ! Le reste s’est passé sans soucis.
Lorsque nous avons enlevé les crampons, nous avons profité de poser des questions sur les noeuds et l’encordement, le guide étant bien sympathique. Après 9h30 (dont 1h10 de pause), nous étions de retour à la voiture, bien contents de ne pas avoir à poursuivre à pied jusqu’à Binn. La voiture, ça n’est pas écologique, mais oh combien reposant pour nos genoux. Au passage un dicton valaisan dit qu’il faut prendre les écolos tandis qu’il y a encore des arbres !
In fine, le guide fut justifié vu les conditions et sans se poser de questions sur l’itinéraire. Cout : 600.- CHF pour deux.
Suite le lendemain à l’Eggerhorn (à venir)